L'Opération Pélican est une opération militaire française d'évacuation de ressortissants effectuée en 1997 au Congo (Brazzaville).
Déroulement
La France est engagée à Brazzaville capitale de la République du Congo pour rapatrier 6 000 étrangers, dont près de 1 500 Français. L’intervention est lancée le 8 juin 1997, alors que les milices du président Pascal Lissouba et de l’ancien président Denis Sassou Nguesso s’entre-tuent et dévastent depuis 72 heures la capitale du Congo, coupée en deux.
En une semaine, 1 250 soldats français, dont les légionnaires du 2e REP, du 2/1er REC, du 2e REI, le commando de montfort, placés sous les ordres du général Landrin, extraient des expatriés en danger de mort, menacés par les miliciens ivres et drogués.
Le 13 mai, l’état-major tactique (EMT) du 2e REP, aux ordres du colonel Benoît Puga, chef de corps, est mis en place à Brazzaville, pour relever le 8e RPIMa dans sa mission d’éventuelle évacuation de ressortissants de Kinshasa. Alors que les forces de l’alliance de Laurent Désiré Kabila arrivent aux portes de la capitale zaïroise, la 1re compagnie, commandée par le capitaine Trotignon, puis la compagnie d'éclairage et d'appuis (CEA), commandée par le capitaine Schiffer, venant d’être pré positionnées au Gabon, quittent Libreville pour rejoindre le camp de L’ORSTOM à Brazzaville, les 16 et 17 mai.
À Calvi, le reste du régiment est mis en alerte. Le 16 mai, le dispositif « Pélican », ainsi que les forces alliées, américaines, britanniques, belges et portugaises, sont mises en place pour une évacuation coordonnée de leurs ressortissants respectifs, de Kinshasa vers Brazzaville, par le fleuve Congo. Le 17 mai, la capitale zaïroise tombe aux mains de Laurent Désiré Kabila sans qu’il soit nécessaire de déclencher l’opération d’envergure planifiée. Tandis que les troupes alliées entament leur retrait de la capitale congolaise, les deux compagnie du REP poursuivent les travaux d’aménagement du bivouac, effectuent des exercices de navigation sur le fleuve Congo avec des moyens légers de franchissement (MLF) du 17e régiment de génie parachutiste (17e RGP), et reconnaissent les différents quartiers de Brazzaville. Du 21 mai au 4 juin, un calme relatif est marqué par l’afflux des réfugiés, ruandais pour la plupart, qui, poursuivis par les troupes de Laurent Désiré Kabila, trouvent refuge dans le nord du Congo, fuyant ainsi les massacres perpétrés par les forces de l’alliance.
Le 7 juin, en soirée, des appels angoissés de ressortissants menacés, voire violentés, relayés par le détachement des militaires du 54° RT, conduisent le commandement à décider de procéder aux premières extractions afin de mettre les personnes à l’abri. À 19 h, le REP reçoit pour mission, en accord avec les autorités congolaises, d’extraire des Français en difficulté à proximité de la Présidence. Après s’être engagé de nuit, sur l’avenue Schœlcher, en direction du rond-point du centre culturel français, et pris contact avec les différentes milices, la 3e section de la 1re compagnie, commandée par l'adjudant Gast, marque un temps d’arrêt pour prendre contact, comme convenu, avec les autorités militaires de la direction de la sécurité présidentielle (DSP), chargées de la sécurité sur zone, tandis que la section de commandos parachutistes reste en appui. Après avoir obtenu l’accord des autorités congolaises, transmis simultanément au COMFOR Pélican et au chef d’élément, et embarqué deux officiers de liaison congolais de la DSP à son bord, la section reprend sa progression en direction de l’avenue Charles de Gaulle, à environ 1 km de l’objectif. Lorsque les éléments de tête s’engagent sur le rond-point du centre culturel français et que l’éclairage public rend toute méprise impossible, l’ensemble de la colonne est délibérément pris à partie à courte portée par des miliciens congolais, embusqués sur le côté nord-ouest de l’avenue Schœlcher et armés de fusils-mitrailleurs et d’armes automatiques, et solidement retranchés durant la nuit dans leur casernement.
Dans cette action, ainsi qu’au cours de la récupération des blessés, les miliciens déclenchent un feu intense à plusieurs reprises. Un sergent et un légionnaire de la 1re compagnie sont blessés au cours de l’accrochage. Rapidement la section de la 1re compagnie est renforcée par une section de la compagnie d'éclairage et d'appui (C.E.A) puis par les GCP commandés par le capitaine Desmeules. Un officier, deux sous-officiers et trois légionnaires seront ensuite blessés, dont deux grièvement, au cours de l’opération de désengagement de secours avec le poste médical régimentaire, puis de réduction de la résistance par l'élément de la CEA envoyé en renfort. Un caporal transmetteur du groupement des commandos parachutistes (G.C.P) est tué au cours de cette embuscade. Deux sergents, trois légionnaires seront évacués le lendemain en direction de la France.
À l'issue de cette embuscade et dès le 8 juin, le commandement décide de renforcer les forces en présences en mettant en place un pont aérien. La 2e section de la 1re compagnie, commandée par le lieutenant Bourban, est accrochée au cours de la saisie de l'aéroport et des abords de la piste d'atterrissage, permettant la mise en place, en toute sécurité, des C-160. Le 8RPIMa relève la section de la 1re compagnie et poursuit la sécurisation de la zone. La section de la 1re compagnie récupère les véhicules de l'avant blindé (VAB), mis en place avec le 8RPIMa et est immédiatement engagée sur le contrôle des axes principaux et mène les premières extractions dans les faubourgs de la ville jusqu'alors livrés aux bandes armées. Les combats dans Brazzaville et l’extraction puis évacuation des ressortissants ont lieu du 8 au 15 juin 1997. Le 2e REP assure dorénavant le contrôle des axes vitaux menant à l’aéroport, et poursuit les extractions, sous les tirs directs des factions rivales congolaises. À l’est de la ville, en zone Cobra, la 4e section de la 1re compagnie, isolée pendant plusieurs jours sur la ligne de contact sans ravitaillement ni soutien, exposée aux tirs permanents des deux parties, mène plus de cinq cents extractions de ressortissants. Dans des conditions délicates, au plus près des combats, elle assure la sécurité des expatriés et leur maintien en condition, avant leur évacuation par le fleuve Congo avec les moyens légers de franchissement.
Dans le centre ville, pillé par les forces armées congolaises ou les milices Cobra, les légionnaires parachutistes vont sillonner les quartiers de la cathédrale, de l’hôtel Méridien, de l’ambassade de France de Poto-Poto et franchir à de nombreuses reprises la ligne de confrontation pour extraire les ressortissants terrés à domicile et terrorisés, effectuer l’évacuation du personnel diplomatique des ambassades de deux grandes puissances : Russie et États-Unis.
Au camp de l’ORSTOM, la CCS organise, avec la section de commandement de la 1re compagnie, l’accueil, le contrôle et l’enregistrement de l’état civil, l’hébergement et l’alimentation de près de 3 000 ressortissants pendant cinq jours, avant de les acheminer vers l’aéroport. Le 15 au soir, lorsque l’opération est terminée, le régiment aura extrait plus de 2 500 ressortissants et en aura évacué plus de 3 600 sur l’aéroport.
Après le départ des derniers avions de ressortissants, le désengagement de la force « Pélican » débute le 16 juin par le retrait de l’EMT du 8e RPIMa contrôlant la zone ouest de l’aéroport, puis par celui du 1er REC de l’opération Epervier, contrôlant l’aéroport et sa zone est. Le 19 juin matin, le général Landrin, commandant l’opération, quitte Brazzaville avec son état-major. Le colonel Puga prend le commandement de la phase finale de désengagement durant 36 h. Jusqu’au dernier jour, les légionnaires parachutistes patrouillant en ville et gardant l’ascendant sur les belligérants, tiennent les axes principaux et l’aéroport en liaison avec le 2/1er REC et du commandement des opérations spéciales. Ils assurent ainsi la sécurité du poser des cargos tactiques. Des ressortissants français continuent d’être évacués par les vols qui ramènent les troupes sur Libreville.
Une centaine de véhicules appartenant aux expatriés sont acheminés par la 1re compagnie et les conducteurs du REC à la "Case De Gaulle" (résidence de l’ambassadeur) pour éviter tout pillage sur l’aéroport après le retrait des forces. Enfin, de nombreux matériels et équipements sont apportés aux 31 gendarmes envoyés de France, afin de leur permettre d’être très autonomes dans leur mission de protection de l’ambassadeur.
Le 20 juin à 16 h, les deux derniers avions de transport tactique décollent avec les commandos des opérations spéciales (COS).
Par décision du 15 février 2000, la médaille d’outre-mer avec agrafe « République du Congo » peut être délivrée aux personnels ayant participé à cette opération.