L’
opération Turquoise est une opération militaire organisée par la France et autorisée par la résolution 929
1 du 22 juin 1994 du Conseil de sécurité de l'ONU pendant le génocide des Tutsis au Rwanda. Elle a pour mission de « mettre fin aux massacres partout où cela sera possible, éventuellement en utilisant la force. »
L'opération Turquoise est une importante intervention militaire française avec le déploiement de plus de 2 500 hommes. Défendue par les uns comme une intervention humanitaire, elle a été vivement critiquée et fait toujours l'objet, en 2014, 20 ans après les faits, de polémiques concernant le rôle de la France dans le génocide.
Le déroulement de l'opération
Le lancement, le 22 juin 1994
Cette opération fut conduite à partir du Zaïre. L'ordre de mission de
Turquoise du 22 juin 1994 dispose que l'armée française doit pénétrer au Rwanda à partir de Gisenyi, dans le nord-ouest du Rwanda, et par Cyangugu dans le sud-ouest du Rwanda. L'aéroport de Goma au Zaïre sert de base logistique pour l'opération tandis que le détachement aérien est stationné à Kisangani.
L'objectif affirmé est de protéger, dans une « zone humanitaire sûre », les «
populations menacées » aussi bien par le génocide que par le conflit militaire entre le FPR et le gouvernement intérimaire rwandais. Aucune hiérarchie n'est établie entre les personnes menacées par le génocide et celles qui sont menacées par les effets collatéraux du conflit armé. Elles étaient assimilées aux deux parties d'un conflit militaire. Le génocide était donc perçu comme un phénomène collatéral de la guerre. Il était ordonné de rester neutre entre ces parties. En particulier, il n'était pas question de procéder à des arrestations de responsables du génocide. La mission avait pour but de faire cesser les massacres en incitant les Forces armées rwandaises à rétablir leur autorité
23, alors qu'elles étaient directement impliquées dans le génocide. La neutralité de l'intervention fut critiquée notamment par Jean-Hervé Bradol, responsable de programme à Médecins sans frontières, une opération simplement humanitaire lui paraissant largement insuffisante pour stopper un génocide2
La composition de la force Turquoise
La force comptait 2 550 militaires de l'armée française et 500 autres venus de sept pays d'Afrique (Sénégal, Guinée-Bissau, Tchad, Mauritanie, Égypte, Niger et Congo). Elle a bénéficié d'une couverture satellitaire de l'Union de l'Europe occidentale qui lui a permis de localiser les camps de réfugiés et les colonnes en mouvement. La flotte d'Antonov du trafiquant d'armes Viktor Bout a pour l'occasion été utilisée par l'armée française pour le transfert du matériel et des troupes via des transitaires de transport et la société SPAIROPS (Spécial Air Opération Inlt) dirigée par Michel Victor-Thomas
25.
Unités françaises engagées :
- Éléments de la 13e demi-brigade de Légion étrangère, du 2e régiment étranger d'infanterie, du 2e régiment étranger de parachutistes et du 6e régiment étranger de génie.
- La moitié des effectifs du Régiment d'infanterie-chars de marine.
- Des éléments de la 2e batterie du 35e régiment d'artillerie parachutiste.
- La 1re compagnie du 3e régiment d'infanterie de marine détachée du Gabon.
- La 3e batterie du 11e régiment d'artillerie de marine détachée de RCA [réf. souhaitée].
- Une section de l'ECT (Escadron de Circulation et de Transport) du 9e RCS (devenu depuis 9e brigade légère blindée de marine) de Nantes.
- Forces spéciales : 150 hommes du Commandement des opérations spéciales (1er RPIMa, Commando Trepel et CPA 10) qui ont opéré parallèlement à des membres du GIGN et de l’EPIGN, à des équipes CRAP de la 11e DP et à des éléments du 13e RDP.
- Deux composantes du service de santé des armées : armé principalement par le 1er Régiment Médical. L'Élément Médical Militaire d'Intervention Rapide (EMMIR) basé à Cyangugu (Rwanda) une section d'évacuation sanitaire en VAB du 1er RMed et la Bioforce à Goma (Zaïre). [réf. souhaitée]
- Éléments issus de la 11e division parachutiste : CRAP du 35e RAP, soutien et transmetteurs du 14e RPCS.
- La 1re compagnie du 2e RPIMa basé a La Réunion.
- Détachement Aviation Légère de l'Armée de Terre.
- Section de la 2e compagnie du 1er Régiment d'Infanterie (RCAM /aéromobile).
- Éléments de l'armée de l'air dont deux de l'Escadron de transport 1/62 Vercors positionné à Goma et ensuite à Bukavu à partir du 14 juillet et de rotation de Transall et de Hercules. [réf. souhaitée]