Bataille de Kolwezi
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Bataille de Kolwezi
Mortier Mo 81 LC du 2
e REP en action.
Informations générales [th] Date [/th]15-21 mai 1978 |
[th] Lieu [/th]Kolwezi, Zaïre |
[th] Issue [/th]Victoire du gouvernement zaïrois et de ses alliés |
Belligérants Zaïre France Belgique Maroc | Front national de libération du Congo (FNLC) |
Commandants Colonel Philippe Erulin Colonel Bem Depoorter Major Marc Mahele | |
Forces en présence 2 500 hommes 700 hommes 1 180 hommes | |
Pertes ~ 120 tués ou disparus 5 tués et 6 disparus 1 parachutiste tué 1 para-commando tué | ~ 250 tués |
Deuxième Guerre du Shaba
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La
bataille de Kolwezi1 est une opération aéroportée baptisée « Opération Bonite », menée par une unité de la Légion étrangère française, le 2
e régiment étranger de parachutistes (2
e REP), ainsi que par des troupes belges et zaïroises.
Elle se déroule en mai 1978 au Zaïre, actuelle République démocratique du Congo (RDC), pour délivrer des otages européens retenus dans la ville minière de Kolwezi par des rebelles katangais.
Si l’opération réussit à libérer des otages avec des pertes militaires légères, elle ne put empêcher le massacre de 700 Africains et de 170 Européens commencé avant le déclenchement de celle-ci.
Réaction franco-belgo-marocaine
Mise en place de l’opération
Le radio à la jeep.
Afin de protéger ses ressortissants, la France active le système d'alerte « Guépard » : à ce moment, le 8
e RPIMa est en alerte mais c'est le 2
e REP (régiment étranger parachutiste, appartenant à la Légion étrangère, et sous le commandement du colonel Philippe Erulin) qui est désigné pour intervenir
3. Deux équipes de quatre hommes du 13
e RDP (régiment de dragons parachutistes) lui sont adjointes pour mettre en place les liaisons radio à grande distance
4. Le 16 mai à 0 h 45, le gouvernement de Bruxelles, qui pense aux Belges qui sont majoritaires parmi les otages, s'apprête à envoyer des parachutistes dans une opération qui se veut, avant tout, humanitaire. Une réunion entre les autorités militaires belges et françaises a lieu en Allemagne afin de coordonner une opération commune.
La réunion échoue, les ordres de Paris étant d'attaquer en force immédiatement malgré les mises en garde des autorités belges. Bruxelles cherche une solution moins directe en invoquant des renseignements faisant état des bruits qui courent dans certains milieux politiques du Zaïre d'après lesquels il y a lieu de craindre que, si l'opération n'est pas menée avec des moyens très étendus, un massacre planifié des Européens retenus par les rebelles soit déclenché immédiatement. Pour empêcher cela, il faut des paras répartis en même temps sur le plus grand nombre de points possibles, c'est l'opinion de l'État-major belge. Et d'invoquer le succès de l'opération Dragon rouge sur Stanleyville, en 1964, une intervention militaire belge combinant un parachutage avec une opération terrestre destinée à empêcher des rebelles d'emmener des otages en brousse. Cependant, les mouvements d’aéronefs auxquels donnent lieu, en France et en Belgique, les préparatifs de l'intervention font craindre une perte de l’effet de surprise, essentiel à l'opération. De plus, la rébellion a été informée de l'opération par l'annonce qui en est faite à la radio et à la télévision par le premier ministre belge. Le motif qu'invoquera celui-ci pour se justifier c'est que, de toute façon, la radio sud-africaine en a parlé la première. En effet, des informations qui devraient rester secrètes circulent de plus en plus. Plus tard, il apparaîtra que des syndicalistes français, croyant naïvement que les événements sont le fait d'une rébellion de gauche, alors qu'il s'agit d'une affaire tribale favorisée par les Cubains représentant l'impérialisme soviétique, ont communiqué les plans de vol des rotations d'avions entre la France et le Zaïre. C'est ce que découvrent les services d'écoute français qui surveillent les liaisons radios des rebelles. Et Radio France International renchérit en annonçant le départ des C-130 belges avec 1 100 parachutistes
5.
Le 17 mai, dans la journée, les légionnaires sont transportés par quatre DC-8 appartenant à la compagnie civile UTA, depuis Sari-Solenzara vers Kinshasa suivis par un Boeing 707 et des avions gros porteur américains (Lockheed C-5 Galaxy) emportant du matériel et de l'armement et cela, sans prévenir les Belges. Ce sont des pilotes militaires belges qui s'entraînent en Corse qui en préviennent leurs supérieurs à Bruxelles. L'OTAN avait déjà transmis une information concordante au gouvernement belge
6. Les Français arrivent à Kinshasa le 18 mai, à partir de 23 h 15. Les préparatifs sont faits à l'aéroport militaire de Kinshasa, notamment la réception de parachutes militaires américains T 10 S. Après une instruction rapide sur l'emploi du matériel américain dans la nuit du 18 au 19, le briefing a lieu, définissant les détails de l'opération dont les plans ont été conçus par le chef de la mission militaire française, le colonel Yves Gras et son état-major. Appuyé par l'ambassadeur, André Ross, il arrive à convaincre les autorités françaises de la possibilité d'une intervention militaire. Le commandement de l'opération lui est confié. Pendant ce temps, les avions zaïrois révèlent des avaries qui en rendent l'utilisation immédiate impossible
7 Finalement, les deux Transall de l'armée de l'air française et les quatre C-130 Hercules zaïrois décollent le 19 à 10 h 40 pour emporter la première vague, après des difficultés rencontrées par le mauvais état des avions zaïrois et l'adaptation de parachutes américains qui ne sont pas équipés de système de largage des gaines d'armement et de matériel. Tout cela se déroule dans un contexte d'improvisation lié en particulier à l'insuffisance des moyens de transport aériens (les légionnaires et leur matériel ayant dû être transportés de Corse par des avions civils et des gros porteurs C5-Galaxy de l'armée de l'Air américaine
[réf. souhaitée]).
Le 18 mai, en début d'après-midi, les C-130 du 15
e Wing de transport aérien de la Force aérienne belge décollent de l'aéroport militaire de Melsbroek (Bruxelles) à destination de l'ancienne base belge de Kamina. Mais la France retarde l'autorisation de vol et l'Algérie refuse le survol de son territoire aux avions belges, alors qu'elle a laissé passer les Français. Il en résulte un détour de l'Afrique par l'Ouest, puis par le Sud pour aborder l'objectif, qui allonge le délai de l'intervention belge
8,9. En plus, les C-130 belges affrontent des problèmes de ravitaillement en fioul dans les anciennes colonies françaises dont l'infrastructure militaire est tenue par des Français. Finalement, les C-130 belges n'arrivent que dans l'après-midi du 19 mai et, à l'époque, beaucoup ne peuvent s'empêcher d'avoir l'impression que Paris freine l'opération belge, le président français Giscard d'Estaing voulant que l'opération de libération des otages se fasse au bénéfice des Français
10. Le 17 mai, le président de la République a téléphoné au général français Méry pour lui dire : « il faut absolument faire quelque chose avant les Belges ». Le motif est que l'évacuation des otages libérés n'est pas le seul but, mais qu'il faut chercher une victoire militaire
11. Les contacts politiques franco-belges se déroulent dans une ambiance de rivalité et de confusion, les Français accusant les Belges de chercher à provoquer la chute de Mobutu et les Belges accusant les Français d'avoir abandonné toute idée de coopération
12. Le but serait de rechercher la chute de l'influence belge encore forte depuis la fin de la puissance coloniale, notamment dans le but de précipiter la faillite de la Gécamine, société sous contrôle d'intérêts belges. Au Zaïre même, des clans de Kinshasa semblent vouloir favoriser la rébellion, d'autres veulent la vaincre, mais répugnent à l'idée de faire appel à la Belgique, ancienne puissance coloniale, ne voulant plus lui devoir le salut, comme lors de l'opération Dragon Rouge du 24 novembre 1964 (pour suppléer à l'insuffisance militaire des troupes de Mobutu, le ministre belge Paul-Henri Spaak avait convaincu le gouvernement belge d'intervenir et les paras belges avaient sauté sur Stanleyville aux mains des rebelles mulélistes qui détenaient des centaines d'otages, pendant qu'une colonne terrestre prenait la ville à revers). Au moment des événements de Kolwezi, la presse de l'époque se fait l'écho, à mots plus ou moins couverts, des insinuations des Français et des Belges. Des ouvrages qui paraîtront plus tard à Paris et à Bruxelles seront plus précis, engagés dans un sens ou dans l'autre. Certains iront même jusqu'à imputer le début du massacre à un ordre venu de Kinshasa dans le but de précipiter l'intervention européenne
13.
L’opération Bonite
Deux soldats de la Légion étrangère armés de MAT 49 lors de la bataille de Kolwezi en 1978 devant un camion GMC.
Le 14 mai, des fantassins zaïrois étaient arrivés
des parachutistes zaïrois inexpérimentés qui avaient été massacrés par les rebelles en arrivant au sol. Les fantassins zaïrois avaient regroupé des centaines d'otages et attendaient l'intervention étrangère.
C-130 belge arrivant en 2009 à McChord Air Force Base, États-Unis.
Le 19 mai à 14 h 30, la première vague française, composée de 405 hommes (le PC et trois compagnies), saute à 250 mètres d'altitude sur l'ancien aérodrome. Six hommes sont blessés par des tirs d’armes légères dès le largage, un autre, le caporal Arnold, atterrissant loin de son unité, est tué et mutilé en pleine rue, sans avoir pu se défaire de son parachute.
Immédiatement, de violents combats de rue commencent, permettant de délivrer un premier contingent d'Européens retenus en otage ou qui avaient pu se cacher. Une colonne rebelle, avec une automitrailleuse légère Panhard AML, est stoppée vers 15 heures à hauteur de la gare par un tir de lance-roquettes. Les groupes rebelles sont attaqués par des actions débordantes qui les contraignent à fuir la ville.
La ville est sous contrôle de la Légion dès la tombée de la nuit à 18 heures. Les unités s’installent aux carrefours. Pendant la nuit, les rebelles contre-attaquent en s’infiltrant dans le tissu urbain mais sont stoppés par des embuscades de la Légion.
Le 20 mai, les premiers otages libérés sont amenés à l'aérodrome. Mais des témoignages accuseront plus tard des paras de débordements et d'exactions à l'encontre de la population noire. Ces témoignages seront notamment confirmés par Roger Rousseau, un légionnaire qui a participé à l'opération et qui a par la suite déserté
14.
Seconde vague de parachutistes français largués à l'aube du 20 mai 1978.
Dans la nuit du 19 au 20, de nouveaux combats ont lieu. Le 20 mai à l'aube, vers 6 h 30, une deuxième vague de 250 parachutistes français est larguée, le colonel Erulin ayant décidé de reporter le saut initialement prévu dans la soirée du 19, s'estimant en mesure de contrôler la situation avec les effectifs dont il dispose. Les parachutistes de la 4
e compagnie et des éléments de la Compagnie d'Appui sautent à l’est de la ville, en prenant les rebelles à revers et occupent cette partie de la ville dans la matinée. C'est dans la matinée que sont découverts les premiers charniers comptant plusieurs dizaines de corps d'Européens et de Zaïrois tués lors des premiers jours de l'invasion.
En même temps, le 20 mai, les parachutistes belges, partis le 19 de la base aérienne de Melsbroek en passant par une étape intermédiaire dans l'ex Afrique française, font un atterrissage d'assaut sur Kolwezi en une première vague de 600 hommes venant de Kamina sous les ordres du colonel Depoorter. Le charroi militaire va suivre avec la deuxième vague.
Une deuxième vague belge arrive avec des dizaines de véhicules, dont des transporteurs, pour aller chercher les européens isolés en brousse. Dans l’après-midi du 20, la ville minière de Metal-Shaba est elle aussi prise par le 2
e REP. Les 200 rebelles qui l'occupaient sont forcés de l’évacuer, mais un sous-officier du REP, le sergent-chef Daniel, est tué au cours des combats. Entre-temps, les Belges ratissent la vieille ville comme la nouvelle. Ils comptent un para-commando tué. Le 1
er bataillon commando occupe la vieille ville et le 3
e occupe la nouvelle. Les Français s'occupent du quartier de Manika et de la gare.
L’audace et la rapidité d’exécution de l'opération ont créé un effet de surprise favorable aux légionnaires qui se sont emparés du centre-ville dans la foulée. En deux jours, ils ont pris le contrôle de la ville et libéré 2 800 ressortissants étrangers. Ils évacueront ceux-ci à l'aérodrome le 21 mai en même temps que les rescapés sauvés par les Belges. Ceux-ci transportent des rescapés par C-130 à Kamina d'où ils sont amenés à Bruxelles par huit Boeing de la Sabena. Il reste à Kolwezi de nombreux blessés regroupés à l'hôpital local que les pillages ont vidé de ses équipements. Mais les Belges ont amené leur propre matériel médical ainsi que deux chirurgiens militaires qui opèrent sans relâche. Les Français, eux, n'avaient amené aucun moyen médical.
[réf. nécessaire]Les Belges évacuent la ville de Kolwezi dans les 72 heures après le début de leur intervention mais restent dans la région avec du matériel de transport et continuent à contrôler la brousse contre un retour éventuel de rebelles et à évacuer d'autorité les derniers Belges et Français dont certains auraient souhaité rester. Les para-commandos belges resteront dans plusieurs villes du Shaba jusqu'au 28 juin, à Lubumbashi, Fungurume, Likasi, Kipushi, etc., en y distribuant des vivres et assurant la protection d'un certain nombre de cadres européens nécessaires à la survie de quelques entreprises, notamment minières.
Au total, il y a eu 1 180 para-commandos belges amenés par 8 C-130 suivi par 3 C-130 avec du charroi et des subsistances, 36 jeeps, dont la moitié blindées, et 26 transporteurs affectés aux sauvetages de civils en brousse, plus une antenne médicale. Pour le retour des réfugiés à partir de Kamina, 8 avions civils de la compagnie belge Sabena ont été réquisitionnés.