Philippe Erulin est un officier supérieur de l'Armée française, né à Dole le 5 juillet 1932 et mort à Paris le 26 septembre 1979.
Il se fait connaître comme colonel commandant le 2
e régiment étranger de parachutistes, dirigeant l'intervention militaire au Zaïre contre les rebelles katangais auteurs de massacres : c'est la réussite de la bataille de Kolwezi, qui permet de libérer les otages. Par ailleurs, il est accusé d'avoir pratiqué la torture pendant la guerre d'Algérie, ce qui déclenche une polémique.
Il est fils et petit-fils d'officiers. Son grand-père le lieutenant-colonel Louis-Joseph Erulin comme son père le lieutenant-colonel André Erulin sont officiers, tous deux sortis de Saint-Cyr, ayant chacun servi dans une guerre mondiale. Son père reçoit les Croix de guerre 1939-1945 et TOE, la Médaille de la Résistance avec rosette, la cravate de commandeur de la Légion d'honneur, puis meurt en Indochine en 1951 à la tête du groupe mobile 4 sous les ordres du général de Lattre de Tassigny qui dira lors de son éloge funèbre « il nous laisse aussi un grand exemple. Car il n'était pas seulement de ceux à qui va spontanément la confiance, il était de ces rares hommes totalement vrais – qui donnent confiance en l'homme en sa grandeur, en sa vertu ».
Son frère Dominique raconte que leurs parents leur donnent une éducation très stricte, et qu'à la mort de son père, Philippe Erulin reprend une partie des responsabilités de la famille
1.
Sorti de l'École spéciale militaire de Saint-Cyr en 1954, promotion Union française, Philippe Erulin suit les cours de l'École d’application de l’infanterie jusqu'en janvier 1955. Il est affecté au 1
er RCP de 1954 à 1959 au grade de lieutenant
1.
Articles détaillés : Guerre d'Algérie et Bataille d'Alger.
Il participe au sein de ce régiment à la guerre d'Algérie et à l'Opération Mousquetaire. En Algérie, il dirige une section qui combat notamment dans les Aurès et en Kabylie. Il y est blessé deux fois dont une gravement
2 et est cité 4 fois
3. Il est fait chevalier de la Légion d'honneur à 26 ans.
Il participe à la bataille d'Alger dans laquelle son régiment est engagé en 1957. Il est avec André Charbonnier l'un des deux officiers qui arrêtent Maurice Audin, militant communiste algérien dont le parti est engagé dans la lutte armée auprès du FLN
4, à son domicile le 10 juin 1957.
Le 9 juillet 1976, Philippe Erulin prend le commandement du 2
e régiment étranger de parachutistes à Calvi avec le grade de colonel.
En 1978, au titre de chef de corps du régiment, il est entendu en tant que témoin, le 2
e REP abritant le dernier bordel militaire de campagne de métropole
8.
Article détaillé : Bataille de Kolwezi.
Le 17 mai, le président Valéry Giscard d'Estaing décide d'une opération au Zaïre où les rebelles katangais procèdent à des massacres et des prises d'otages.
Parti avec son régiment de Calvi le 19 mai 1978, après un transit par Kinshasa, il saute à la tête de 700 parachutistes
14 organisés en deux vagues sur Kolwezi
15. La ville, qui accueillait alors près de 2000 civils européens (principalement Belges et Français), est libérée après des combats violents avec les rebelles Katangais
16. Le régiment perd cinq hommes, vingt légionnaires étant blessés
14. Le 6 juin, le président du Zaïre Mobutu Sese Seko donne l'accolade aux colonels Gras (attaché militaire au Zaire) et Erulin : l'intervention franco-belge a également permis de consolider son régime
17.
Le 7 juin, ils rentrent à Calvi. La semaine suivante, Valéry Giscard d'Estaing leur rend visite pour les féliciter de l'opération lors d'une prise d'arme à Bastia
3. Sous ses ordres, lors de cette bataille, servent notamment Benoît Puga, Bruno Dary et Ante Gotovina, qui d'après
L'Humanité lui sert de chauffeur. Le même journal affirme que son frère Dominique (qui s'associe par la suite à Ante Gotovina) participe aussi à la bataille
18, alors que ce dernier avait déjà quitté l'armée, à la suite de la guerre d'Algérie
1.
Philippe Erulin meurt subitement l'année suivante, le 26 septembre 1979, d'une rupture d’anévrisme lors d'un jogging
1, laissant une femme et 3 enfants.
Hommages de l'opération Kolwezi
Trente ans plus tard, Valéry Giscard d'Estaing retourne à Calvi et affirme que l'opération de Kolwezi est devenue « une référence, un cas d'école pour tous ceux, militaires ou dirigeants politiques, qui auront à préparer ce qu'on appelle aujourd'hui les opérations extérieures »
16. L'opération de Kolwezi est effectivement enseignée dans les écoles militaires
14. Pour Jean Guisnel, cette opération marque aussi la fin de la défiance du pouvoir politique envers la Légion étrangère à la suite du putsch des généraux
15.
Philippe Erulin est cité à l’ordre de l’Armée, le 17 juillet 1978 :
- Citation :
- « Commandant du 2e Régiment Étranger de Parachutistes, a conduit du 19 au 27 mai 1978 avec une réussite totale les opérations aéroportées de protection de sauvetage des populations de Kolwezi (République du Zaïre). Largué dans des conditions difficiles, il a entraîné son régiment à l’assaut avec vigueur et enlevé tous ses objectifs en moins d’une heure, libérant d’un coup par cette notion remarquable les populations européennes prisonnières depuis une semaine et sauvant des centaines de vies humaines.
Les jours suivants, il a poursuivi avec une maîtrise et un sang-froid exceptionnels les opérations de nettoyage dans la région de Kolwezi, délivrant ainsi de nombreux autres otages.
Grâce à sa valeur militaire, il a permis au 2e Régiment Étranger de Parachutistes d’inscrire une victoire magnifique qui honore la Légion Étrangère et les Parachutistes. »
La cravate de Commandeur de la Légion d’honneur lui sera personnellement remise le 29 septembre 1978 par la Président de la République Valéry Giscard d’Estaing.
Extrait de l’éloge funèbre prononcé par le général de division Jeannou Lacaze, Inspecteur de l’Infanterie, et futur chef d'état-major des armées lors des obsèques du colonel Erulin :
- Citation :
- « (…) Madame, l’Armée aussi est en deuil, aujourd’hui, et en particulier toutes ces unités parachutistes et de la Légion Étrangère dont votre mari constituait l’une des figures de proue. … Soyez assurée que, comme vous, comme vos enfants, nous garderons de Philippe Erulin le souvenir de l’homme généreux et aussi de l’image de l’officier français qu’il a su incarner toute sa vie, et qu’il a si bien symbolisé pour des millions de personnes dans l’opération militaire sur Kolwezi à laquelle son nom reste pour toujours attaché. Colonel Erulin, des générations d’officiers, malgré la brièveté de votre carrière, ont été marqués par votre exemple. Je sais qu’ils ne l’oublieront pas. »
Le 21 mai 2008, le président de la République Nicolas Sarkozy prononça l’allocution suivante à l’occasion de la prise d’armes commémorative de 30 années d’opérations extérieures dans la cour d’Honneur des Invalides :
- Citation :
- « (…) il y a trente ans presque jour pour jour, les légionnaires du 2e REP commandé par le colonel Philippe Erulin, écrivaient à Kolwezi, l’une des plus belles pages de l’histoire militaire de notre pays, en prenant part à une opération aéroportée de grande envergure, l’une des plus importantes sans doute depuis la fin de la 2e Guerre mondiale… Les événements de Kolwezi ont été des moments de vérités pour tous, du Chef des Armées aux soldats parachutés sur le théâtre d’opérations. Et tous ont été à la hauteur. Tous ont fait honneur à la patrie. Tous ont fait face. Aucun ne s’est dérobé (…). »
Le 30 avril 2018, lors d'une prise d'armes au 2e REP présidée par le général de corps d'Armée Bernard Barrera, major général de l'Armée de Terre, pour le 155e anniversaire de Camerone et les 40 ans de Kolwezi, le général Barrera rendit l'hommage suivant au colonel Erulin :
- Citation :
- « (...) le colonel Erulin demeure pour nous tous, la figure tutélaire de cette opération. Son portrait et son nom ornent le couloir principal de l'état-major de l'armée de terre, et avec lui l’image glorieuse du REP et de tous ceux qui ont sauté sur Kolwezi, il y a 40 ans, et dont certains sont parmi nous aujourd'hui. (...) ""19 »
Le 19 mai 2018, jour anniversaire du saut sur Kolwezi, une cérémonie a lieu au cimetière de Port-Blanc (commune de Penvenan), présidée par Christine Royer, sous-préfète de Lannion, où les fédérations d'anciens légionnaires ont fleuri la tombe du colonel Philippe Erulin
20. À cette occasion, le Général de Division (2s) Remy Gausserès, Président de la Fédération des Sociétés d'anciens de la Légion étrangère) conclut son hommage au Colonel Erulin par : « (...) Mon Colonel, vous restez, et vous resterez toujours dans nos cœurs, le plus bel exemple de l'officier des troupes d'assaut de la
Légion étrangère. »
Par ailleurs, il existe une « rue Colonel Philippe-Erulin » à Aix-en-Provence.
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