Camerone : 150e Anniversaire
28-02-2013 |
Éditorial du COM.LE du Képi blanc N° 752.
Petit clin d'oeil de la ville d'Aubagne, la RD2, route départementale 2, qui relie le centre-ville au quartier Viénot, a été tout récemment baptisée "Route de la Légion". Le nom de cette route empruntée par de nombreux candidats, est un appel à l'aventure, une invitation au voyage qui préfigure ce qui sera un nouveau départ.
"Partir", c'est quitter les siens et son quotidien. C'est rêver, découvrir autre chose, créer, s'accomplir ; c'est refuser la routine et accepter l'inconnu, c'est fuir et espérer. "Partir" c'est prendre des risques, c'est une chance et un défi. L'attrait du départ est bel et bien inhérent au caractère du légionnaire.
C'est pourquoi, à l'occasion du 150e anniversaire du combat de Camerone, c'est le thème du nouveau départ auquel tous aspirent, qui a été retenu.
Partir pour la Légion : le choix personnel du nouveau départ
Le futur légionnaire part à la recherche de l'aventure, mais cela ne lui suffit généralement pas. Il abandonne sa famille, son pays, ses racines, surmonte ce déchirement. Sa démarche dépasse la simple envie, et sa force première est sa détermination à trouver quelque chose de grand et d'exigeant. C'est un candidat au surpassement qui justifi e le périple dans lequel il se lance. Le futur légionnaire recherche le privilège unique d'une véritable deuxième chance. Il s'agit moins de commencer que de recommencer. À ceux qui le souhaitent, la Légion offre ce privilège incroyable d'un second départ. Elle permet à ceux qui rejoignent ses rangs de mettre en sommeil leur passé pour prendre un véritable nouveau départ.
Partir avec la Légion : les attentes du légionnaire
Quelles que soient les raisons qui poussent le candidat à devenir légionnaire, ce départ est souvent vécu comme un arrachement qui peut masquer une blessure ou une vulnérabilité secrète. Le remède est connu, c'est le mélange d'action et d'accueil au sein de la Légion qui devient la nouvelle famille du légionnaire. Il faut également souligner une attente toute particulière du légionnaire, celle de pouvoir gagner la confi ance du chef qui le commande, sous réserve que celui-ci soit à l'écoute et suscite par l'exemple, admiration et respect.
Il croit fermement au succès par ce recommencement. L'attachement à sa nouvelle patrie - Legio Patria Nostra - est d'autant plus fort qu'il symbolise ce pour quoi il a tout laissé. Le légionnaire se passionne naturellement pour sa nouvelle famille, les missions qui lui sont données, ses chefs et le fanion de l'unité. Il se donne sans compter, y compris pour entretenir et améliorer le casernement qui lui est confi é. Ayant souvent pour seul foyer celui de son unité, il trouve de nouveaux repères au sein de sa section, sa compagnie et son régiment. Où qu'il soit, le légionnaire construit son chez lui, avec la volonté toujours renouvelée de construire pour durer. Le départ est ainsi le symbole de l'ouverture et de la découverte du monde et des autres, et par ricochet de soi-même.
Partir en opération : être prêt
Cet attrait pour le départ trouve son aboutissement lorsque s'annonce une opération. Le légionnaire réalise à cet instant, son désir d'absolu, sa soif d'aventure et de perfection. Il fait son métier et concrétise son entraînement au combat. Mais pour partir, il faut bien sûr "être prêt". Telle est la devise du 2e Étranger ! C'est aussi un état d'esprit. C'est la recherche au quotidien de l'excellence opérationnelle qui trouvera son aboutissement sur un théâtre extérieur. Les légionnaires du 1er REC et du 2e REP, viennent d'être engagés dans l'opération Serval, au Mali. Toutes les autres unités de Légion sont prêtes à partir. Pour tous, ce théâtre ouvre une nouvelle page dans notre engagement opérationnel.
Et cet engagement peut être total, nous le savons tous. C'est ce que vient de nous rappeler l'adjudant Harold Vormezeele, auquel nous avons rendu les honneurs le vendredi 22 février dernier, du pont Alexandre III à la cour d'honneur des Invalides. Engagé au Mali en sautant sur Tombouctou, il est allé au bout de son engagement, le 19 février, date à laquelle il avait "un Rendez-vous avec la mort"*.
Honneur à toi, Harold, dans ce dernier départ ! Nous sommes fiers de toi et veillerons à nous montrer dignes de ton sacrifice. Repose en paix. Ton nom vient de s'ajouter sur la liste des légionnaires morts pour notre pays et qui ont créé ce pacte de sang entre la France et sa Légion étrangère.
* I have a rendez-vous with death, poème d'Alan Seeger, poète américain, légionnaire au 2e étranger de marche ; tué à Belloy-en-Santerre le 4 juillet 1916.
Général Christophe de Saint Chamas,
commandant la Légion étrangère
Source : Képi Blanc magazine
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