Prix: "Pirate" nous a quitté . source FSALE
"Pirate" le caporal-chef Aldo RAVAIOLI, ancien porteur de la Main et membre de la SAMLE amène le pavillon
Né
le 11 mars 1932, à Villadossola en Italie, il souscrit un engagement au
titre de la Légion étrangère le 7 oct. 1950, au Bas Fort Saint-Nicolas.
Il est dirigé sur le dépôt commun de la Légion étrangère, et débarque
en Afrique du Nord et affecté à la 1re compagnie du 1er REI à Saïda
pour suivre l’instruction de base.
Désigné pour partir en
Extrême-Orient, il est dirigé sur Nouvion en janv. 1951. Il embarque
sur le S/S Brest, le 7 mars. En Indochine, il fait ses premières armes
dans les rangs de la 1e compagnie commandée par le capitaine Clemençon
au sein du bataillon Paul Pfirrmann du 2e REI. Arrivé à Dong Ha, il
participe à tous les travaux et à toutes les opérations pour lesquels
son unité est désignée.
La 1-I/2e REI se trouve aux alentours
de la cote 53, à proximité de la RC 6. Ravaioli se voit confier la
responsabilité d’un groupe de commandos formé de quelques rescapés du
commando Vandenberghe. Il devient ainsi chef de groupe au commando 11
(le Mùu Mot, ou le Mùu 11). Pirate, surnom dont la compagnie l’a
affublé, ramène à ses chefs des renseignements de valeur sur
l’organisation et des méthodes de travail du Viêt-Minh.
En
janv. 1952, dans le cadre du groupe mobile n°1 (GM 1), son bataillon
participe au dégagement de la route coloniale n° 6. Il repousse les
attaques du Viêt-minh et se rend maître du calcaire de Dong Ben.
Ravaioli ramène sous le feu deux légionnaires blessés. Il est cité à
l’ordre de la brigade et nommé caporal le 1er juil. Lors de l’attaque
menée par le I/2e REI ; en oct., dans le village de Xuan Nguyen, il
commande son équipe de supplétifs engagée au contact direct de l’ennemi
qui tient les lisières. Il parvient à maintenir ses hommes au contact
pendant plus de deux heures. Il gagne sa deuxième citation.
Atteint
de fièvres consécutives à une hépatite amibienne, il est rapatrié pour
raisons sanitaires et, le 10 févr. 1953, il débarque à Mers el-Kebir.
Remis sur pied, il est momentanément affecté à la garde rapprochée du
général Salan à Alger avec une section aux ordres du lieutenant des
Rieux de la Villoubert. Complètement rétabli de sa maladie, le caporal
Ravaioli est affecté, le 6 août 1953, à la 15e compagnie du 4e
bataillon du 4e REI, à Fès. Il se porte volontaire pour un second
séjour en Extrême-Orient et le 10 janv. 1954, il débarque du «Henri
Poincaré » à Saigon. Il est alors affecté à la 6e compagnie du
capitaine Riou au sein du 2e bataillon du 3e REI (bataillon
Cabaribère), stationné à proximité de Na San. On lui confie un groupe
de commandos. Du 1er au 3 févr., son bataillon tombe dans une embuscade
tendue par une division viêt-minh qui se prépare à donner l’assaut sur
Na San. Les 6e et 7e compagnies sont entièrement détruites. On relève
252 tués et disparus sur un effectif de 325 légionnaires engagés. Les
rebelles n’ont pas capturé Ravaioli qui réussit à s’exfiltrer de la
zone de l’embuscade avec 26 hommes. Il rejoint Nan Dinh pour être
évacué immédiatement sur les arrières du bataillon, à Phu Luu.
Ravaioli
est de nouveau affecté à la 6e compagnie. Pour la première fois de sa
carrière, il se retrouve dans des fonctions organiques, celles de chef
d’équipe. Le bataillon est stationné à Ban Yen Nhan et a pour mission
d’ouvrir la route chaque jour de 6 heures 30 à 18 heures de Ban Yen
Nhan à Trai Truc (2,5 km) en liaison avec les éléments du III/2e RTA.
L’organisation permet de laisser une compagnie au repos à la citadelle
de Ban Yen Nhan. C’est alors la fouille quotidienne des villages situés
le long de la RC 5. De nuit, le bataillon fournit des éléments pour
embuscade et sonnettes au carrefours principaux de l’axe. Le 21 avr., à
6 heures 30, le groupement d’ouverture de route comprenant un PC
réduit, les 6e, 7e et 8e compagnies aux ordres du chef de bataillon
Cabaribère quitte la citadelle de Ban Yen Nhan avec mission d’ouvrir la
route jusqu’à hauteur de Nhac Loc. La 6e compagnie se porte par le nord
et le sud de la route vers Ngo Xa, tandis que des éléments des 7e et 8e
compagnies commencent respectivement la fouille des lisières est de Duo
Hang et An Lac sous la protection de leur section lourde restée en
position. Le groupe de Ravaioli n’a pas rejoint Ban Yen Nhan en fin de
nuit après la patrouille habituelle, car il a relevé des mouvements
Viets suspects et attend de faire jonction avec le bataillon qui
s’avance. Il est 8 heures 45 lorsque la section de tête de la 6e
compagnie arrive à hauteur des lisières sud-est de Tuan Di, là où se
trouve déjà Ravaioli. Elle est violemment accrochée et très rapidement
submergée. Simultanément, l’attaque se déclenche sur les 7e et 8e
compagnies, tandis que le PC du commandant Cabaribère est soumis à un
violent tir de mortiers. La nasse s’est refermée autour du bataillon.
Cabaribère donne l’ordre par radio de se replier sur la route autour du
PC. La 6e compagnie est rapidement encerclée et le lieutenant des Rieux
grièvement blessé. Les sections se dispersent et quelques éléments
seulement parviennent à se replier poursuivies par les rafales d’armes
automatiques qui viennent du village. Ravaioli fonce avec trois hommes
en direction du village (deux d’entre eux mourront deux heures plus
tard). Pirate a compris la situation et veut s’emparer de l’arme
automatique qui crache de la lisière. À proximité, il aperçoit le
servant Viet qui tire sur une ficelle reliée à une mine à laquelle il
tourne le dos. La mine explose et le blesse. Ravaioli se relève, il n’a
plus d’arme. Il se rue sur le Viet qui lâche une rafale de Thomson dans
la jambe gauche, alors qu’ils sont étroitement imbriqués dans un corps
à corps dont le Viet ne se relève pas. Ravaioli s’empare de la
mitrailleuse et lâche à son tour de longues rafales dans la lisière.
Deux heures plus tard, il est évacué sur Hanoi, puis à Saigon à
l’hôpital Saint-Roch, Ravaioli est amputé de la jambe gauche et
appareillé. Son courage lui vaut une citation à l’ordre de l’armée.
Il
est rapatrié sur la métropole et rejoint l’Algérie en oct. Dans
l’attente de passer en commission de réforme, il est affecté au SMOLE.
Il participe au recueil de fonds destinés à soutenir matériellement la
récente acquisition du Domaine de Puyloubier et l’édification de la «
Maison des Invalides de la Légion étrangère », parcourant les
principales villes de France pour y vendre des articles réalisés par
les légionnaires et des vignettes. Placé en position de retraite pour
infirmité, quitte le service actif le 20 mai 1955.
La médaille
militaire lui est conférée en 1956. Il sera fait chevalier de la Légion
d’honneur le 25 févr. 1966 et sera promu au grade d’officier en 1996.
En
1955, il redémarre dans la vie civile. Il effectue de nombreux métiers,
en France et en Italie. Il se marie, s’installe dans son village natal
et se lance notamment dans une entreprise de « préfabriqué » en ciment.
Il ne quitte pas la Légion, ni les anciens légionnaires pour lesquels
il se dévoue sans compter. Avec l’ex-caporal Panitteri (porteur de la
main en 1980), il crée en 1961 une amicale à Padoue. D’autres suivront.
Le 30 avril 1997, la croix d’officier de la Légion d’honneur épinglée
sur la poitrine aux côtés de la médaille militaire, il remonte la Voie
sacrée du quartier Vienot portant la châsse contenant la main de bois
du capitaine Danjou.
Il décède le 31 janvier 2009 à Villadossola (NO) Italie.
Membre de la SAMLE dès le début, ce grand homme de coeur, de courage et de générosité a bien mérité ce petit hommage.
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