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bats de la Seconde Guerre mondiale et Il est blessé par une mine le 4 février 1945 dans les Vosges.
Roger VandenbergheAprès la fin du conflit, Il part pour l’Indochine et
très rapidement, il se trouve au coeur des combats les plus durs. II en
récolte une longue suite de blessures : à la cuisse droite par des -
éclats de grenade le 23 octobre 1947 Chfêm Hoa (Tonkin) ; à la cuisse
droite par balles le 21 février 1948 à Phuang-Khang (Tonkin). Ir est
nommé sousofficier le 1" avril 1948. A nouveau blessé à la cuisse
gauche et au bras droit par l’explosion d’une mine le 12 janvier 1949 à
Lang Dieu (Tonkin) ; au thorax par balle le 18 février 1949 à Day Dihn
(Tonkin) ; à la cuisse droite par balle le 12 février 1951 à Vau Cuu
(Tonkin)` ; aux deux jambes par balles le 30 mai 1951 à Ninh Binh
(Tonkin) ; à la cuisse gauche par balle le 16 septembre 1951 à Nam Huan
(Tonkin).
II est finalement assassiné le 6 janvier 1952 à Nam Dihn (Tonkin). Roger Vandenberghe était titulaire des décorations suivantes
la Légion d’honneur (26 février 1949). médaille
militaire (6 décembre 1948) ; croix de guerre 1939-1945. une citation ;
croix de guerre des théâtres d’opérations extérieures (14 citations).
Roger Vandenberghe et Le Maréchal de TassignyPhu Ly, Tonkin, 1 1 mai 1951.
Quelques hommes résolus feront échouer une offensive du Viet-minh.
Prenant à revers un régiment ennemi parti à l’assaut des pitons de Nihn
Binh, les commandos de Vandenberghe remporteront une victoire
étonnante.
L’homme est grand, très grand. Vêtu d’un pyjame noir et d’une veste
matelassée, le visage taillé à coup : de serpe que durcit encore le
casque de latanier tim bré de l’étoile jaune du Viêt-minh, il détonne à
l’écar des officiels, ces colonels et ces commandants qUE de Lattre a
rassemblés à Phu Ly, à l’issue de l’opération Méduse qui a coupé les
lignes de ravitaille ment de Giap.
Dis-moi, Bernard, quel est cet escogriffe plantÉ sur la piste comme un poteau télégraphique et qu me fixe du regard ?
— Entre le Day et le fleuve Rouge, tout le mondE le connaît, c’est
Vandenberghe.
Le lieutenant Bernard de Lattre a souri. Il sai l’intérêt que porte son
père aux hommes qui sorten du commun. De Lattre s’approche. Lorsqu’il
arrivE à six pas, il voit Vandenberghe se figer et saluer ECPA - Que
fais-tu sur ce terrain ?
Simplement, Vandenberghe explique. Il est hâve, fatigué. Pour
apercevoir son commandant en chef, il a fait exécuter à ses hommes une
marche forcée de 20 km. Hier, il se trouvait en pleine zone ennemie,
dans les calcaires de Chi-né. Il a franchi à l’aube le Day sur des
radeaux de bambou. Il est là. - Je suis venu vous voir, dit-il. C’est
un honneur pour un soldat que de voir un grand chef. Un vrai. De Lattre
ne répond pas, mais Bernard note, à un certain éclat de l’oeil, que son
père a été touché par l’hommage rendu.
Tu es adjudant, m’a-t-on dit. Qu’est-ce que tu fiches dans cette tenue et sans galons ?
Mon général, je reviens de la guerre. Je ne porte jamais de galons parce que je me déplace seulement en zone viêt.
Et tu crois que c’est payant ?
Oui,
je vais les chercher dans leurs zones, dans les grottes ou la forêt. Il
m’arrive de les faire sauter avec leurs propres grenades ou avec les
mines que je leur fauche. Ce matin, j’ai ramené un officier qui connaît
le stationnement de la brigade d’assaut 304...
De Lattre sourit. Cet homme lui plaît. Il dira de lui,.quelques jours
plus tard : « C’est un peu comme si un tigre, en plus de ses crocs, de
ses griffes et de sa détente, recevait un permis de chasse... »
Adjudant depuis quelques mois, Vandenberghe n’a que vingt-trois ans.
Quand il est arrivé en Indochine, à dix-neuf ans, cet
ancien pupille de l’Assistance publique a éprouvé un coup de foudre
pour ce pays et pour ses habitants. Sans l’avoir appris, il a compris
le type de guerre qui se déroulait là-bas et, avec les premiers
prisonniers capturés, il a constitué l’embryon d’un commando qui, en
quelques mois, a remporté d’importants succès. En quatre années de
combats incessants, il a été blessé cinq fois et cité neuf fois En plus
de la médaille militaire, ce jeune chef de section est titulaire de la
Légion d’honneur.
Ses exploits sont légendaires. Toujours à la tête de sa
troupe, exclusivement composée d’anciens adversaires, il s’enfonce, des
journées entières, dans le territoire viêt, se fond dans le paysage et
frappe, durement, portant des coups sévères à l’ennemi. Redouté des
Viêts, qui ont mis sa tête à prix, il s’est livré lui-même pour toucher
la rançon, puis a massacré l’état-major du régiment d’assaut 46. En ce
matin du 11 mai, son destin a changé.
Il y avait un photographe pour prendre un cliché de la
poignée de main que de Lattre a donnée à Vandenberghe. Cette
photographie va faire de lui un symbole, l’égal de ces colonels -
Vanuxem, Edon, Erulin, Castries, Gambiez - qui constituent la cour du
« roi Jean », ses maréchaux.
Responsable du secteur de Nam Dinh - le centre du delta
tonkinois -, le colonel Gambiez a longuement interrogé Tranh Kinh,
l’officier logistique de la brigade 304. Il a acquis la certitude que
Giap se prépare à passer à l’attaque dans le « trou », une faille du
dispositif français, 80 km de vide entre Phat-Diem et Phu Ly. - Giap
est obligé de passer à l’offensive, explique Gambiez à de Lattre. Pour
des raisons politiques d’abord. Après sa victoire sur nos troupes, sur
la R.C.4 au mois d’octobre dernier, il avait promis à Hô Chi Minh
d’être à Hanoi pour la fête du Têt en février. Ce fut un échec, à Vinh
Yen d’abord, puis à Mao Khé en mars. 11 lui faut gagner maintenant.
Et Gambiez ajoute- D’autant plus que - raison
stratégique - ses troupes sont au bord de l’asphyxie. Il doit
impérativement leur fournir le riz nécessaire à sa campagne d’hiver
1951-1952.
De Lattre n’a pas eu besoin de réfléchir longtemps, il
savait que l’attaque était proche. Dès le lendemain, il rameute ses
unités d’intervention, les commandos marine et le Groupement mobile
nord-africain (G.M.N.A.) du colonel Edon.
Soyez
en place pour le 30 mai, ordonne-t-il. Giap lance l’assaut le 28. Il a
mis en place le maximum d’effectifs. Au sud, la 304, qui doit investir
les fiefs catholiques de PhatDiem et du Bui Chu. Au centre, la 320,
qui doit faire sauter le verrou de Ninh Binh et foncer sur Phu Ly pour
couper les communications vers Nam Dinh. A Ninh Binh, deux postes,
installés sur deux chicots calcaires - les pitons Sud et Ouest -, sont
les deux seuls points forts barrant le passage. Le piton Ouest est tenu
par un escadron du ler Chasseurs, commandé par le lieutenant Bernard
de Lattre, le fils du général. Après avoir anéanti la maigre garnison
de commandos marine du lieutenant Labbens, Giap se retourne vers les
pitons calcaires. Au milieu de la nuit, Gambiez alerte Vandenberghe
Les
Chasseurs sont en difficulté à Ninh Binh. Prends ton commando et va en
renfort. Tu es le seul à pouvoir passer au milieu des Viêts. Il faut
monter sur les pitons, accrocher l’ennemi à fond et tenir jusqu’à
l’arrivée du G.M.N.A.
Vandenberghe accepte. En cours de route, il apprend la mort du
lieutenant de Lattre, son ami. Alors, il se hâte, jamais il n’a laissé
sans la venger la mort d’un camarade.
Le jour pointe quand il arrive au débarcadère de Ky
Cau, où sont stationnés les L.C.M. de la Marine. La seule voie d’accès
passe en effet par le fleuve.
Nous allons nous payer de culot, dit Vandenberghe, nous briserons par surprise l’encerclement ennemi. On fonce !
Le piton. Sud est tombé, annonce la radio. - Et l’autre ?
Malgré
la mort du lieutenant, le piton Ouest tient encore.
Il est 8 heures du matin. A 9 heures, les transports déposent
Vandenberghe à pied d’oeuvre. « C’est une course de vitesse », lui a
expliqué Gambiez. Il fait aussi vite qu’il le peut. Sur la berge, les
Viâts grouillent. Leur ultime assaut se prépare contre la position
qui résiste toujours.
Il y a 100 m à peine pour aborder la falaise, mais ce
sont 100 m parcourus en force, à la grenade, au pistolet-mitrailleur,
au poignard. Ils sont 120, attaquant un régiment d’assaut, pris à
revers. Et puis, il y’a Dohl, un fauve redoutable, moitié chien, moitié
loup, qui n’a jamais accepté d’autre maître que Vandenberghe.
Les commandos progressent, il leur faut vingt minutes
pour atteindre la base du piton. Et l’escalade commence. Les hommes du
commando « Tigre noir » n’ont aucune pratique, mais y suppléent par
leur ardeur à combattre. Il leur faut souvent lâcher une main pour
riposter, vers le bas d’où les fusillent les Viêts, vers le haut d’où
les Bo doïs font pleuvoir les grenades.
Mais ils grimpent, mètre après mètre, se rapprochent
du sommet. Comme l’ont fait, cette nuit, les groupes de choc de la 320,
les commandos s’incrustent dans les rochers, gagnant mètre par mètre,
inexorablement. A mi-pente, d’une anfractuosité où il s’est tapi, un
Viêt armé d’un fusil-mitrailleur est posté en embuscade. Vandenberghe
se présente devant le trou. Une rafale le cloue au sol, les deux jambes
traversées. Le Viêt se lève, décidé à achever le blessé. Mais Dohl
bondit et le Viêt, la gorge arrachée, n’a même pas le temps de crier.
Les sergents Puel et Vuu, lés premiers, arrivent sur
place et hissent le blessé jusqu’au sommet du piton où les groupes
d’assaut, emmenés par le sergent Tran Dinh Vy ônt réussi à prendre
pied malgré la résistance de deux compagnies du Régiment 64.
« Mission accomplie », lance, par radio, le sergent
Chazelet, blessé, lui aussi, d’une balle dans l’épaule. - Bravo et
tenez bon, les renforts seront là à midi. L’action du commando de
Vandenberghe a été payante : au-delà de la reconquête du piton, elle a
fait basculer le sens de la bataille. Jusque-là, les troupes de Giap
étaient portées par la dynamique de l’attaque. Ils étaient déjà sur la
route de Nam Dinh, bloquant toute possibilité d’intervention. L’action
du commando, sur leurs arrières, les a obligés à stopper, deux heures
durant. Et ces deux heures ont été décisives, permettant au G.M.N.A. du
colonel Edon d’avancer, amenant ses canons au plus près.
La « bataillé du Day » va encore durer vingt-quatre
jours. Giap essaiera de percer partout, au nord et au sud, à Phat-Diem
et à Phu Ly. Mais il n’arrivera à passer nulle part : le bilan sera
sévère pour lui, près de 12 000 tués, 2 000 prisonniers, ses trois
divisions (304, 308, 320) saignées à blanc, qui se traîneront dans la
brousse, brancardant leurs blessés qui mourront de gangrène, de fièvre,
de misère...
A peine sur pieds, Vandenberghe reprendra ses
opérations. Il sera l’une des avant-gardes de la reconquête d’Hoa Binh,
au mois de novembre 1951 ; il ira encore traquer le Viêt dans ses
repaires de Chi-né. Mais ce qu’ils n’auront pu obtenir au combat, les
Viêts l’obtiendront par la ruse et la trahison. Roger Vandenberghe sera
assassiné dans son propre poste de Nam Dinh le 6 janvier 1952. Il
mourra, solitaire, comme il avait vécu, à quelques heures de la mort de
celui qu’il avait tant admiré et qui avait fait de lui l’un des
symboles de notre combat d’Indochine, le maréchal de Lattre de
Tassigny.
De Vandenberghe, on a écrit qu’il était un aventurier,
une bête de guerre. C’est à la fois plus simple et plus glorieux :
c’était un soldat, qui voulait libre la terre qu’il s’était choisie
pour patrie. Sa tombe porte le numéro 263 au cimetière de Nam Dinh.