Rudolf HößUn article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.(Redirigé depuis
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Rudolf Hess.
Rudolf Höß à
son procès
Rudolf Franz Ferdinand Höß[1] (né le
25 novembre 1900 à
Baden-Baden et exécuté le
16 avril 1947 à
Auschwitz pour
crimes contre l'humanité) a été
un officier
SS et un
rouage de premier ordre dans le
génocide des Juifs de l'Europe occupée.
En tant que premier commandant du
camp de concentration et d'
extermination d'
Auschwitz-Birkenau,
le plus vaste du système
nazi, du 1
er mai 1940 jusqu'au
1
er décembre 1943, puis de nouveau en poste entre mai
et septembre 1944, quand la déportation massive des Juifs hongrois portait la
machine de mort à son plus haut rendement, il mit en œuvre l'élimination
industrielle des
déportés juifs en utilisant le
Zyklon B dans un ensemble de
chambres à gaz doublées de
fours crématoires destinés à détruire les corps. Il supervisa également les traitements inhumains
et meurtriers infligés dans son camp aux
résistants notamment
polonais, aux
Tziganes, aux prisonniers de guerre soviétiques, aux
"associaux" et aux victimes d'expériences pseudo-médicales.
Responsable de la mort de près de un million d'êtres humains (dont 90 % de
Juifs), ses mémoires constituent un document historique d'une importance
reconnue pour la connaissance de la
Shoah,
de l'univers concentrationnaire et de la mentalité des bourreaux.
//
Biographie [modifier]Fils d'une famille catholique de
Baden-Baden, son père nourrit le souhait de voir
son fils devenir
prêtre et l'éleva dans ce but avec
autorité. Après la mort de son père, Höß s'engage à 15 ans dans l'armée et est
envoyé servir dans l'
Empire ottoman. À 17 ans, il est déjà
sous-officier décoré de la
Croix de fer de 1
re et
2
e classe.
En
1919, après la
Première Guerre mondiale, il
s'engage dans une troupe paramilitaire nommée Roßbach et part combattre dans les
territoires allemands près de la
Baltique, dans la
Ruhr et en
Haute-Silésie. Libéré de cette troupe, il
s'inscrit au
parti nazi comme SA en
1922. Ayant participé au meurtre du
communiste Walter Kadow, il est condamné à 10 ans de prison,
mais est libéré en
1928 grâce à une
amnistie. C'est notamment ce séjour en
prison qui conduira
Himmler à le choisir pour diriger le camp d'
Auschwitz-Birkenau. Cet emprisonnement fera
de lui un expert dans la psychologie des prisonniers, c'est de lui que viendra
l'idée de maquiller les chambres à gaz en douche pour que les gazages se fassent
sans rebellion de la part des détenus.
À la suggestion de
Heinrich Himmler, il demande à faire partie
des
SS en
1933 et est accepté l'année suivante. Le
1er décembre 1934,
il devient membre du
Totenkopfverband (l'unité "tête de mort"). Il sert ainsi au
camp de Dachau.
Promu SS
Hauptsturmführer en
1938, il est candidat pour être commandant au camp de
Sachsenhausen. En
1940, devenu membre des
Waffen-SS l'année précédente, il est nommé commandant
du camp d'
Auschwitz, où il reste jusqu'en
1943. Il y met en place un premier camp (dit Auschwitz 1)
puis un second (dit Auschwitz 2 Birkenau) qui sera celui de l'extermination
massive des populations Juives d'Europe. Jusqu'alors (dans d'autres camps
notamment), les gazages étaient effectués avec des gaz d'échappement. La
particularité de l'extermination mise en place par Höß a été d'utiliser le
Zyklon B. Les tous premiers essais de gazages au Zyklon B (acide prussique dont
l'utilisation normale était celle d'insecticide) ont lieu à Auschwitz 1, fin
1941. Au printemps 42 les déportations en masse commencent et Höß met en place
deux lieux de gazage provisoires à Birkenau avant de faire construire au
printemps 43 quatre crématoires (on appelle "crématoires" des bâtiments qui
comprenaient à la fois une salle de déshabillage, des chambres à gaz et les
fours crématoires proprement dits). Höß a donc, sur ordre de Himmler, organisé
la
Solution finale à Auschwitz en améliorant ses
méthodes entre la fin 1941 et le printemps 1943 : le but en était le meurtre de
masse d'un maximum de Juifs en un minimum de temps.
Du
1er décembre 1943 au
8 mai 1944, il est remplacé par
Arthur Liebehenschel, dont il reprend les
postes au
Amstgruppe D du
Wirtschaftverwaltungshauptamt des SS. Himmler le renvoie à Auschwitz pour mettre en place l'«
Aktion
Hoess », c'est-à-dire la machine de mort du camp d'
Auschwitz II -
Birkenau qui visa des juifs de
Hongrie.
Potence de Rudolf Höß à Auschwitz I
Capturé le
11 mars 1946 par la police militaire
britannique, il témoigne pendant les
procès de
Nuremberg contre
Ernst Kaltenbrunner,
Oswald Pohl et la firme
IG Farben. Il est transféré aux
autorités polonaises le
25 mai 1946. Il est jugé par le Tribunal Suprème de
Pologne du 1er au 29 mars 47. Condamné à mort le
2 avril 1947, son
exécution par
pendaison a lieu le
16 avril près du
crématorium du camp
d'Auschwitz 1 et de la maison qu'il a occupée avec sa famille durant toutes les
années pendant lesquelles il a dirigé le camp. Cet homme, pendant son
interrogatoire, ne se croyait en aucun cas coupable et répétait constamment que
c'était un ordre et qu'il avait obéi.
Littérature [modifier]Pendant son emprisonnement, il rédigea une
autobiographie, publiée en
1958 sous le titre
Rudolf Höss - Commandant
d'Auschwitz. Il s'y présente comme un homme élevé dans l'obéissance aux
ordres. Il y exprime son antisémitisme et son dégoût pour les Tziganes comme des
évidences.
En
1952, l'écrivain français
Robert Merle publia une
biographie romancée de Höss (Rudolf Lang dans le récit),
la Mort
est mon métier. Ses sources ont été l'
autobiographie de Höss et ses états de services
au sein de l'armée allemande et du
parti nazi. De plus, il s'est basé sur le résumé des
entretiens de Höss avec le psychologue américain Gilbert qui l'interrogea dans
sa cellule au moment du procès de Nuremberg. L'auteur concentre son attention
sur les raisons qui peuvent pousser un homme à exécuter des ordres menant au
massacre des 2,5 millions de déportés qui lui furent imputés (c'était la propre
estimation de Höß). Plus de la moitié du récit est donc consacrée à l'éducation
du jeune Hoess, à ses multiples frustrations et au mouvement qui le rapproche
des SA, puis des SS. La seconde moitié du roman est un véritable travail
d'historien : Merle y décrit avec précision la mise en place de la
Solution
finale à Auschwitz de même que l'implacable organisation nazie qui, en
segmentant les tâches jusqu'au moindre détail, interdit à Hoess toute maîtrise
de ses actes et toute prise de distance, ne serait-ce que de conscience.