Le franchissement de la Meuse, les 13-14 mai 1940
Le franchissement de la Meuse ne se fera pas toujours dans les termes héroïques décris par la propagande nazie…
Premières tentatives
Le 13 mai au petit matin, débute le franchissement. Les Allemands n’ont pas d’autre choix que de franchir la Meuse au radeau, tous les ponts ayant sauté le 12 mai. Cependant, les Allemands de la 5. Pz Div vont profiter d’une des faiblesses du terrain : l’écluse de l’île de Houx. Celle-ci n’a pas pu être détruite par le génie, tout simplement parce que sa destruction aurai abaissé le cours de la Meuse et ainsi créé des gués à plusieurs endroits ! Face à ce dilemme, les français ont préféré ne pas la faire sauter. C’est le II/39 qui a justement la garde de cette écluse.
A une heure du matin, le général Boucher de la 5°DIM est averti d’infiltrations allemandes ( de l’ Aufkl Abt.8) à l’écluse. A 6 heures, des fantassins de la 5° Pz Div venant juste d’apprendre l’existence du passage passent eux aussi. Les Allemands vont alors essayer de se ruer vers la brèche. Mais le jour se lève et le tir de l’artillerie française empêche l’accès à l’écluse et les FM déciment les troupes essayant de passer. Les pertes allemandes sont lourdes. Le Fledwebel Blunk du III./14 raconte :
« 8 h 00 : ordre de traverser la Meuse. Par groupes de cinq, les hommes se lancent en avant, laissant un espace de cent mètres entre eux et trouvant pour abris quelques secondes derrière le ruines de la maison de l’éclusier pour se protéger du tir de l’artillerie. Alors commence la traversée –isolée- du fleuve sur une passerelle d’un mètre de largeur et sous le tir des mitrailleuses ennemies venant de bunkers sur notre droite. Des morts gisent dans l’eau , des blessés s’agrippent fermement à l’écluse (…) Le tir de l’artillerie française s’intensifie. Devant nous, la terre est comme labourée sur un carré de 200 m de côté. Le tir des mitrailleuses diminue. Les bunkers sont réduits par le tir de notre artillerie et de nos blindés.
10 h 00 : la compagnie a environ 10% de pertes mais a traversé la Meuse. ».
Le II/39 qui a mené ce combat coupé du reste de la 5° DIM tombe sous les assauts répétés de 3 Schutzens, devant Anhée. Le 1° groupement de reconnaissance motorisé de la 5° DIM rétablit la liaison avec la 18° DI, perdue avec la chute du II/39. La tête de pont allemande est très précaire en fin de journée car les unités française la bordant résistent, et il n’est pas encore possible de faire passer de blindés, tant qu’un pont suffisamment solide n’ai été construit. Les Allemands déplorent 24 tués dont 2 officiers, et 110 blessés, dont 11 officiers. Le II/39, lui, a été anéantit, et ses 1000 hommes sont pour la majorité faits prisonniers.
Au sud, la 7° Pz Div de Rommel essaye de franchir la Meuse face à la 18° DI. Le franchissement doit se faire par canot pneumatique, et les troupes allemandes sont exposées au feu nourri des Français se trouvant sur l’autre berge. Toutes les premières tentatives se soldent par des échecs, et les pertes sont lourdes. Rommel se rend sur place et décrit la situation :
Evacuation des blessés sur les bords de Meuse.
« Le 6° régiment de fusiliers était sur le point de passer en bateaux de caoutchouc sur l’autre rive ; mais il était arrêté par un feu nourri d’artillerie et très gêné par le tir d’armes portatives des troupes françaises établies dans les rochers de la rive ouest.
La situation, quand j’arrivais, n’avais donc rien de plaisant. Nos bateaux étaient donc détruits les uns après les autres par le feu flanquant des Français et la traversée ne s’effectuait plus. Les tireurs ennemis étaient si bien dissimulés que, même en les cherchant longuement à la jumelle, il était impossible de les découvrir. A plusieurs reprises, il dirigèrent leur feu sur le point où j’étais allongé avec mes compagnons, les commandants de la brigade de fusiliers et du bataillon du génie. »
Afin de permettre le franchissement, Rommel fait brûler des maisons dans la vallée pour enfumer les hauteurs françaises et faire progresser ses troupes en sécurité. En fin de soirée, la Pz Div de Rommel arrive enfin a mettre pied sur deux petits espaces, près de Bouvignes et Néfe. Mais aucun Panzer ne peut évidemment passer. Pendant la nuit un pont permettant aux Panzers I et II de passer est construit. Seulement 15 s’y trouvent le 14 mai. Ils ne seront pas d’un grand secours. Le lieutenant Zebel tente de faire passer son Panzer III sur ce pont, mais il bascule et noie tout son équipage. Les chars moyens et lourds devront attendre.