SOMUA S 35 1937
Généralement considéré comme le meilleur char français en 1940. L'appellation officielle du Somua est A.M.C., automitrailleuse de Cavalerie ; cette subtilité de langage permettait à la cavalerie de tourner l'exclusivité de l'infanterie en matière de fournitures de chars. Le S 35 disposait d'une tourelle similaire à celle du B 1 bis montée sur une caisse moulée.
En juin 1934, l'armée française avait publié le cahier descriptif d'une "automitrailleuse de combat" destinée à la cavalerie. Elle voulait un engin de 13 tonnes, équipé de deux hommes et armé de la tourelle déjà définie pour le char B.
La Société d'Outillage Mécanique et d'Usinage (SOMUA.) filiale de Schneider, présenta en 1935 un prototype répondant aux normes, qui fut apprécié pour la puissance de son armement (un canon de 47 jumelé à une mitrailleuse), son épais blindage, sa vitesse élevée et la maniabilité dont il se montra capable malgré sa taille imposante. Il fut mis aussitôt en production sous le nom de " char 1935 S ". On en construisit environ 500 exemplaires jusqu'à fin mai 1940.
La technique
Si le Somua S 35 ne différait guère des chars " D " déjà en service, il présentait cependant des améliorations originales. La caisse traduisait un progrès important en matière de blindage moulé. Elle comprenait trois sections unies au moyen de boulons afin de constituer un ensemble rigide : la partie inférieure, qui s'étendait sur toute la longueur du véhicule, contenait le moteur, la transmission et les commandes, et portait la suspension boulonnée sur ses flancs. Celle-ci était constituée de ressorts à lames semi-elliptiques et d'un ressort à boudin sur le galet arrière. Le barbotin était à l'arrière ; des éléments courts monopatin composaient la chenille en partie protégée par une jupe blindée.
Les deux autres sections formaient la superstructure. La section arrière recouvrait le compartiment moteur-transmission, tandis que la section avant logeait le compartiment de combat et supportait la tourelle. Des volets en acier moulé donnaient accès aux deux compartiments.
On accédait au compartiment de pilotage et de combat par une porte située sur la gauche ; un trou d'homme était pratiqué au fond de la caisse en correspondance avec l'emplacement du chef de char.
Le pilote se tenait à l'avant gauche et disposait des pédales habituelles pour le frein, l'accélérateur et l'embrayage. Il avait à sa droite le levier de changement de vitesse et celui du frein à main, et entre les genoux, le volant de conduite. A gauche de la pédale de l'embrayage, une autre pédale actionnant le démarreur électrique du moteur au moyen d'une tringlerie. Le siège du pilote était situé au-dessus de l'hydrovac du frein à pédale et pouvait se déplacer horizontalement et verticalement
Dans l'espace compris entre le plancher et le fond de la caisse se trouvaient les accumulateurs électriques (en deux séries de batteries), une partie des munitions et les accessoires.
Le pilote pouvait observer à l'extérieur par un volet blindé situé à l'avant (lorsque l'écoutille était fermée, le pilote utilisait une fente d'observation et un épiscope) et par deux fentes latérales. L'opérateur radio, assis à droite, pouvait voir lui aussi à l'extérieur au moyen d'une fente d'observation ; il contrôlait les deux appareils radio.
Le chef de char était aussi le tireur. Assis sur une selle pivotante, il avait à sa portée une partie des munitions, stockées sur des rayonnages fixés aux parois de la caisse.
La tourelle APX 1 CE du S 35 était armée d'un canon de 47/32 semi-automatique et d'une mitrailleuse Châtellerault calibre 7,5 modèle 31. Les armes étaient jumelées dans une casemate, constituée par un masque d'acier unique fixé à la tourelle par deux "tourillons" qui pouvait se déplacer en site de + ou - 20°.
La mitrailleuse pouvait être désolidarisée de la tourelle pour de faibles débattements latéraux (+/- 10°).
Pour le pointage des armes, le tireur avait une lunette panoramique d'agrandissement 4, placée dans un berceau au-dessus de la mitrailleuse. Les munitions du canon se composaient de 85 coups placés dans des alvéoles du compartiment de combat. Pour la mitrailleuse, il y avait 2 550 cartouches, répartis en 15 chargeurs.
Malgré la présence de deux ouvertures dans la partie supérieure du blindage pour le renouvellement de l'air, il convenait de ne pas tirer plus de 100 coups de mitrailleuse à volets fermés, il fallait alors ouvrir les écoutilles et les fentes de visée afin de créer le courant d'air nécessaire à l'expulsion des gaz produits.
Le canon était pointé en hauteur au moyen d'an volant ; pour le pointage en direction, le mécanisme de rotation de la tourelle était électrique, mais le réglage final se faisait avec un volant manuel.
Le tourelleau du chef de char comportait quatre appareils optiques : deux lunettes périscopiques placées derrière une ouverture protégée par une plaque tournant vers le haut ; sur la paroi opposée, une fente munie d'un épiscope du même type que celui de la caisse, plus un autre épiscope. Sur les côtés de la tourelle, le chef de char disposait de deux épiscopes pour l'observation.
Chaque ouverture était garnie d'un joint assurant l'étanchéité contre les gaz de combat. Sur le toit de la tourelle se trouvait le support pour la mitrailleuse D.C.A.
Une cloison pare-feu séparait le compartiment de combat du compartiment moteur.
Derrière celui-ci, à droite, le réservoir d'essence, auto-étanche selon les normes françaises de l'époque. Sur le côté droit le moteur, un Somua 8 cylindres en V, et la transmission qui comprenait le système de direction à double différentiel. Le différentiel de direction était commandé au moyen d'embrayages disques à sec, par l'intermédiaire de câbles à partir du volant de conduite. Celui-ci, grâce à un système de trains épicycloïdaux, faisait virer le char en ralentissant le mouvement de la chenille intérieure et en augmentant la vitesse de la chenille extérieure sans diminuer sensiblement la vitesse.
Le char reposait sur deux groupes de quatre galets de chaque côté, en sus du galet arrière. Les galets étaient en acier ; leurs bords intérieurs faisaient une saillie qui courait dans le creux d'un sillon pratiqué dans les chenilles, ce qui supprimait les dents-guide tout en évitant le déchenillage. Deux rouleaux porteurs conçus selon le même principe et deux patins supports munis d'un guide supportaient le brin de chenille supérieur, le conduisant à la poulie de tension située à l'avant.
L'évolution
La première modification fut le remplacement des patins (288 à l'origine) par d'autres plus larges (de 75 à 105 mm). Par la suite, on chercha à accroître la puissance du moteur ; c'est ainsi qu'en 1940 sortit une version avec un moteur diesel de 220 cv, appelée S 40.