Camps de Mailly
Au printemps 1944, les Alliés donnent la priorité aux préparatifs du débarquement, c'est pourquoi le Bomber Command est sollicité pour concourir à la désorganisation des réseaux de communication fluviaux, routiers et ferrés et frapper les infrastructures capables d'accueillir les unités blindés mises en réserve par Hitler, pour venir en aide aux troupes chargées d'interdire tout accès maritime à un corps expéditionnaire ennemi.
Même si l'emploi des bombardiers lourds est susceptible d'entraîner des morts civils, Churchill compte sur la qualité de l'organisation des missions et la précision de visée de ses aviateurs pour limiter les drames humains.
Le camp de Mailly qui voisine la commune de Mailly-le-Camp en bordure de la nationale reliant Châlons-sur-Marne à Troyes, et qui se trouve à 130 kilomètres à l'est de Paris dispose d'un vaste champ de manœuvres de l'armée de Terre et de bâtiments fonctionnels, capables d'accueillir des centaines de militaires et tout un état-major.
Les Alliés savent que les Allemands l'utilisent pour l'entraînement de leurs unités blindées et la reconstitution des Panzer, si bien qu'on estime à Londres qu'environ 10 000 hommes y stationnent en permanence.
Dès l'automne 1943, des demandes de renseignements sont adressées à l'Armée secrète, qui confie au réseau Brutus-Nord et à son responsable châlonnais la collecte des plans détaillés des installations et réclame aussi un inventaire régulier des unités en présence.
Lorsque les Alliés apprennent fin avril qu'une importante colonne de Panzer en provenance du front de l'Est s'installe à Mailly, l'information est jugée importante d'autant que le débarquement doit s'effectuer dans les deux mois. Aussi l'ordre est-il donné de monter une mission destinée à anéantir : « tout ce qui se trouve sur le camp sans toucher au village de Mailly-le-Camp » (1).