Pierre Chateau-jobert,dit "Conan"
De la France libre à la croisade contre-révolutionnaire.L’homme est tout entier dans son nom de guerre : « Conan », que ce Breton de Morlaix, fils d’un tué de 1915, a choisi quand il rejoint, parmi les premiers, le général de Gaulle à Londres.
Artilleur d’origine, puis observateur d’aviation, il se trouve le 15 juin 1940 sur un lit d’hôpital : il a été blessé dans un bombardement. Il n’attend pas d’être rétabli pour gagner Saint-Jean-de-Luz, d’où il s’embarque pour l’Angleterre. Le 1er juillet, il rejoint les Forces françaises libres et se voit affecté à la 13e demi-brigade de la Légion étrangère.
Sous-lieutenant d’active sorti du rang, il sera de toutes les campagnes des FFL : au Cameroun, au Soudan, en Erythrée, en Syrie. Accidenté au début du siège de Bir Hakeim, il est évacué sur l’Égypte.
Capitaine à trente ans, il se porte volontaire pour les parachutages et regagne l’Angleterre, où sont formés les SAS français ; il va commander, comme capitaine, le 3e régiment, qui comprend 640 paras, dont 65 officiers. L’unité sera larguée en France par petits commandos, sur dix-sept départements, pour se livrer à des actions de sabotage et de harcèlement.
Conan saute entre Mâcon et Chalon-sur-Saône. Le 3rd French SAS devient le 3e RCP, que va commander le colonel de Bollardière, tandis que ChateauJobert prend la tête du premier centre-école des troupes aéroportées, au début de l’année 1945. L’école fonctionne à Lannion puis à Pau-ldron. Ce sera la pépinière des paras, la « maison mère » d’où sortiront des dizaines de milliers de brevetés destinés à servir dans les troupes aéroportées. Conan est un des créateurs de ce qui va devenir le « style para ». Petit, sec, énergique, le crâne dégarni, le visage triangulaire allongé par une barbiche sombre, c’est une silhouette et un visage que l’on n’oublie pas.
Au printemps 1947, il part pour un premier séjour de deux ans e.n Indochine, où il prend le commandement de la demi-brigade coloniale de parachutistes SAS. Il fait un second séjour de 1950 à 1952 à la tête des Bérets rouges, et il découvre ce qui va devenir le fondement idéologique du combat de toute sa vie : l’opposition entre le matérialisme communiste et le spiritualisme chrétien. Le lieutenant-colonel ChateauJobert, croyant, et même mystique, est un des premiers officiers paras militant pour l’idée simplificatrice selon laquelle les guerres, et notamment les guerres coloniales, ne sont que des conflits entre le « Bien » et le « Mal ». (Il a tendance à mettre des majuscules.)
Le voici totalement gagné à ce qu’il nomme la « contrerévolution ». Quand il quitte l’Extrême-Orient, où il était responsable des troupes aéroportées du Sud, c’est un des officiers les plus motivés idéologiquement de l’armée française.
En Algérie, il commande le 2e régiment de parachutistes coloniaux. Après des opérations dans l’Algérois et les Nementchas, l’unité saute sur Port-Saïd le 5 novembre 1956. Mais le corps expéditionnaire franco-britannique se retire, et Conan va être de plus en plus persuadé que l’armée est trahie par le pouvoir civil, quel qu’il soit.
Nommé à la tête de la brigade de parachutistes d’outre-mer, alors qu’il n’est que colonel, il se trouve à Bayonne le 13 mai. Lors du putsch des généraux d’avril 1961, il est en poste 3u Niger et se retrouve aux arrêts de forteresse. Un des premiers à rallier l’O.A.S., Conan va prendre en charge le Constantinois.
Condamné à mort par contumace, il réussit à quitter l’Algérie pour un long exil, dont il ne reviendra que lors de l’amnistie de 1968. Préoccupé de recherches doctrinales sur la « contre-révolution », il n’a depuis cessé de prêcher ce qu’il considère comme la bonne parole. Le colonel Chateau-Jobert a publié en 1978, aux Presses de la Cité, ses Mémoires sous le titre : Feux et lumières sur ma trace.
sources Hebdomadaire "Troupes d’elite" Atlas 1985
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