Le capitaine LEGER s’était déjà fait une spécialité en Indochine des "coups tordus". Il aimait à la tête de son commando de ralliés vietminhs se faire passer pour une unité viet aupres des populations qu’il traversait et il ne comptait plus les pagailles qu’il avait causé à l’ennemi.
En Algérie, sa route croise celle du colonel GODARD, ancien du 11ème Choc ce qui lui donne l’occasion de récidiver.
"la Bleuite" peut être définie de la façon suivante : "mouvement vrai ou fictif groupant certains cadres intellectuels de la rébellion favorables à des pourparlers avec la France ....".
La "Bleuite" est une épidémie qui sera étendue par les services secrets Français aux cadres non intellectuels des Willaya III (surtout) mais aussi IV, V et VI. Elle se traduira par des purges importantes et sanglantes organisées par les chefs de ces willayas.
Pour ce faire, GODARD et LEGER prolongeront l’opération des "bleus" qui avait été faite lors de la Bataille d’Alger dans la Casbah. La Zone Autonome FLN d’Alger était détruite. LEGER la "reconstitue" pendant quelques mois en introduisant des terroristes repentis qui gardent le contact avec la Kabylie. Il offre au comité de la Willaya III de reconstituer un réseau dans Alger. L’offre est acceptée, et l’agent de LEGER revient, doté d’un stock d’armes. Le réseau fictif n’aura qu’un temps, la willaya s’inquiétant de l’absence d’attentats, encore que LEGER ait réussi à en fabriquer fictivement quelques uns.
Mais il s’est établi un circuit de relations entre rebelles et faux rebelles. Puis LEGER "libère" des terroristes qui ne se savent pas porteurs (dans les semelles de leurs chaussures par exemple) d’informations que les chefs FLN découvriront et qui les feront accuser de trahison. A d’autes on facilite l’évasion en leur "dévoilant" auparavant des informations secrètes provenant de "traites". Ces "évadés" viennent dénoncer les "traîtres" en rapportant des informations découvertes par hasard pendant leur séjour dans les géoles françaises.
La "bleuite" se répand très vite en Kabylie car AMIROUCHE, le chef de la WILLAYA III, est un chef de guerre sanguinaire et féroce. Il fini par perdre raison et voit des espions partout. La "bleuite" prend d’autant mieux que la vie clandestine accentue les rivalités, notamment entre les intellectuels et les autres, que la situation des rebelles est précaire, que la population bascule vers la France etc ...
Les services secrets Français ont une parfaite connaissance de l’organigramme rebelle ce qui facilite l’intoxication. Les prisonniers sont désespérés de découvrir l’ampleur des informations connues par les Français ce qui entraine une suspicion systématique entre rebelles.
Les résultats sont "inespérés" en Willaya III, chez AMIROUCHE. La "bleuite" va faire plus de 3.000 morts. A l’initiative d’Amirouche, l’espionnite se propage dans la Willaya IV puis dans les zones de la Willaya V qui leur sont limitrophes. Le désastre de la Willaya III sera compléte. Tunis à son tour veut réunir les responsables de l’intérieur pour faire le "ménage". Se dirigeant donc vers TUNIS, AMIROUCHE et Si HAOUES, chef de la Willaya VI, "dont l’armée française connaissait l’itinéraire" tombent dans une embuscade en mars 1959. Si M’Hamed, chef de la Willaya IV, sera tué peu après, et LOFTI, chef de la Willaya V à son tour.
La "bleuite" déborde aussi en Willaya VI où elle y fera seulement 500 morts.
L’homme de la Willaya IV visé par les services français était Omar OUSSEDIK dont l’énergie était l’un des facteurs de cohésion de la zone. La procédure d’ attaque consista à diffuser dans le réseau FLN. un faux compromettant un fidèle d’Oussédik, KHALED, responsable de la mintaka 43. Aussitôt la Willaya entra en convulsion. Les interrogatoires et les aveux extorqués se multiplièrent, la purge se répandit ; mais OUSSEDIK est sauvé car appelé à TUNIS pour être nommé Secrétaire d’état par le GPRA. Les purges aidant, l’état de la Willaya sera tel peu après que son nouveau chef Si SALAH demandera un cessez-le-feu séparé.
voir aussi ...
Souvenirs d’un chef de SAS : partie 1
Souvenirs d’un chef de SAS : partie 2
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MON ALGERIE :Correspondance familiale d’un médecin appelé en Algérie (1957-1960) du même auteur ... mansion
Famille XICLUNA / CAMILLIERI
ADIEU CAPITAINE
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