ORDRE NATIONAL DE LA LEGION D'HONNEUR : officier de l'ordre
Bien qu'il s'agisse d'une étoile, la Légion d'Honneur est familièrement appelée la « Croix des Braves »
HISTORIQUE : La Révolution ayant aboli les Ordres et décorations de l'Ancien Régime, seul l'Ordre de Saint-Louis avait été préservé pour peu de temps sous l'appellation de Décoration Militaire.
Supprimée à son tour le 15 octobre 1792.
La Convention afin de récompenser les actes de bravoures, offrait des armes.
En rentrant d'Orient, Bonaparte et ses généraux instituèrent le système en créant les « armes d'honneurs ». Armes de luxe, gravées au nom du bénéficiaire et accompagnées d'un brevet.
Le premier annuaire de l'Ordre date de 1805 (1799 légionnaires recensés).
Le projet du nouveau Consul associé à Lebrun et Cambacérès soulevait des réticences. Bonaparte grâce à son intervention fit admettre le 29 floréal An X (19 mai 1802) une Légion d'Honneur divisée en « Cohortes » et destinée à récompenser les services et les vertus des militaires mais aussi des civils.
La première promotion eut lieu le 24 septembre 1803.
L'organisation au début, est de type militaire et possède des biens nationaux. Ces biens sont remis aux cohortes (15 puis 16) de légionnaires appelées à devenir des chef-lieu de province. Elles sont divisées en arrondissements qui correspondent aux départements. Chaque chef-lieu doit posséder un hospice pour les vieux soldats et les blessés de guerre. Chaque cohorte est dirigée par un général assisté de 7 grands officiers, 20 commandants, 30 officiers et 350 légionnaires. Chacun porte serment et reçoit un traitement prélevé sur les biens de la cohorte :
5.000 francs pour un grand officier,
2.000 francs pour un commandant,
1.000 francs pour un officier,
250 francs pour un légionnaire.
Mais, les Cohortes seront dissoutes car propriétaires de biens fonciers (rendus à l'Etat) et les traitements payés par le Trésor Public.
Le projet était cependant intéressant en reprenant l'optique des anciens Ordres de Chevalerie hospitaliers. Le 13 mai 1804, le Grand Chancelier Lacépède achète le Palais de Salm à Paris et en fait le noyau central de l'Ordre.
Les signes extérieurs composés du « petit aigle » ou étoile d'argent des légionnaires et « l'aigle d'or » ou étoile d'or des gradés (officiers, commandants, grands officiers) furent institués par décret du 22 messidor An XII (11 juillet 1804).
La première remise eut lieu le 15 juillet 1804 en l'église des Invalides à l'issue d'une messe. La seconde le 16 août 1804 au Camp de Boulogne.
Un décret du 10 pluviose An XIII (30 janvier 1805) ajouta la Grande Décoration dont les titulaires furent par la suite nommés « Grand Aigle », puis « grand cordon » (ordonnance du 19 juillet 1814) et enfin « grand'croix » (ordonnance du 26 mars 1816). A cette date les appellations furent modifiées comme suit, les commandants devinrent des commandeurs, et les légionnaires des chevaliers.
Depuis, les dénominations sont restées et la hiérarchie de l'Ordre fixée ainsi.
Sous l'Empire, on dénombra sept grands types de modèles de la Légion d'Honneur.
L'étoile porte en son centre l'effigie de l'Empereur, d'abord attachée à un anneau surmontée ensuite d'une couronne fixe puis articulée (sinon elle cassait régulièrement). Puis on ajouta dix boules sur les cinq doubles rayons acérés afin de ne plus abîmer les uniformes. Une bouffette de même couleur que le ruban (non prévu dans le décret) disparut de la décoration des chevaliers à la fin de l'Empire. Restant sur celle des officiers elle annonce la venue de la rosette. Le grand cordon des Grands Aigles fait apparaître la plaque portée sur la poitrine constituée de 5 rayons doubles d'argent boutonnés, séparés par 5 pointes non boutonnées et l'aigle impérial en son centre.
Les membres de l'Ordre passent de 10.000 en 1805 à 30.000 en 1815.
Il est temps par décret du 10 mars 1808 d'effectuer une distinction en les rapports de la Légion d'Honneur et la noblesse impériale,
Le chevalier d'Empire possédait le premier degré de la noblesse sans pour autant être titulaire de la Légion d'Honneur par rapport au Chevalier de la Légion d'Honneur.
Les membres de la Légion d'Honneur (mais aussi ceux de l'Ordre de la Réunion crée en 1811) avaient vocation à la noblesse.
L'Ancien Régime conférait la noblesse héréditaire à trois générations de chevaliers de Saint -Louis (sans conditions de fortune). Napoléon envisagea le même principe pour les chevaliers de la Légion d'Honneur et ceux de l'Ordre de la Réunion. Mais il fallait obtenir des lettres patentes dont les revenus net ne devaient dépasser 3.000 francs.
De plus, pour se faire valoir du titre héritier de chevalier, il fallait justifier de la descendance de mâle en mâle, de trois chevaliers ayant personnellement et successivement obtenu des lettres patentes donnant ce titre. Ces dispositions à nos jours existent toujours.
La Légion d'Honneur a survécut à tous les changements de régime.
Napoléon nomme des membres qui portent serment à l'Empereur. Louis XVIII nomme des membres qui prêtent serment au Roi.
Ce dernier avait rétabli en 1814 les Ordres de l'Ancien Régime et renomme la Légion d'Honneur, Ordre Royal porté après l'Ordre de Saint-Louis.
Quelques modifications interviennent,
l'effigie d'Henri IV remplace celle de l'empereur,
trois fleurs de lys au revers à la place de l'aigle,
la couronne impériale cède place à la couronne royale.
La plaque subit également des changements par la venue de fleurs de lys entre les rayons doubles et Henri IV remplace l'aigle.
Louis Philippe supprime tous les ordres royaux et ne conserve que la Légion d'Honneur.
En 1848, sur 47.000 légionnaires, un quart sont des civils.
Lors de la II République l'ordre subsiste malgré des pressions défavorables.
Le 16 mars 1852, les statuts sont fixés pour une centaine d'années.
Le Président de la République devient le Grand Maître de l'Ordre.
Le port des insignes des cinq classes est définitivement fixé tel que nous le connaissons. Quelques détails sont modifiés, Bonaparte Premier Consul puis Napoléon 1er réapparaissent sur le médaillon central ainsi que les deux drapeaux tricolores entrecroisés sur le revers.
Le Palais de Salm brûle sous la Commune et de nombreuses archives disparaissent rendant les recherches difficiles.
D'octobre 1870 à juillet 1873, après la chute du Second Empire, la Légion d'Honneur est uniquement réservée aux services militaires. L'ordre retrouve ensuite sa vocation première et la couronne de la bélière est remplacée par une couronne de feuilles de chêne et de laurier. Le centre de l'étoile porte l `effigie de la République et au revers, les deux drapeaux tricolores.
La plaque portera définitivement cette effigie. Peu de modifications sont intervenues depuis cette date sauf les mentions écrites.
Après la Première Guerre Mondiale, les membres ne cessent de croître : 45.000 au début du XX siècle et 100.000 en 1918, dont 75.000 à titre militaire plus 20.000 titulaires étrangers.
Le général de Gaulle signe le 28 novembre 1962 en accord avec le général Catroux Grand Chancelier, un Code de la Légion d'Honneur et de la médaille Militaire qui se substitue à une réglementation complexe de 80 arrêtés, lois et décrets depuis l'An X (1802) et 1961.
Ce code doit permettre de réduire progressivement le nombre des légionnaires à 125.000 (deux tiers). L'objectif est atteint en 1996 avec 115.000 membres français vivants.
Ainsi, la Légion d'Honneur retrouve son prestige d'origine qui vise à récompenser les « mérites éminents ».
Parallèlement est crée le 3 décembre 1963, l'Ordre National du Mérite, second Ordre destiné à récompenser les « mérites distingués ».