1. Il est sur la terre africaine,
Un régiment dont les soldats, dont les soldats
Sont tous des gars qu'ont pas eu d' veine,
C'est la légion et nous voilà, et nous voilà!
Pour ce qui est d' la discipline,
Faut êtr' passé par Biribi par Biribi!
Avoir goûté de la praline,
Et travaillé du bistouri du bistouri
2. J'ai vu mourir un pauvre gosse,
Un pauvre goss' de dix-huit ans, de dix-huit ans
Fauché par les balles féroces
Il est mort en criant maman, criant maman!
Je lui ai fermé les paupières,
Recueilli son dernier soupir, dernier soupir!
J'ai écrit à sa pauvre mère,
Qu'un légionnair', ça sait mourir, ça sait mourir.
Et on s'en fout et après tout
Qu'est-ce que ça fout, out, out, out?
En marchant sur la grand-route,
Souviens toi oui souviens toi ah! ah! ah!
Les anciens l'ont fait sans doute,
Avant toi oui avant toi, ah! ah! ah!
De Gabès à Tataouine,
De Tanger à Tombouctou, ou, ou, ou!
Sac au dos dans la poussière,
Marchons les légionnaires
3. Et puisqu'on n'a jamais eu d' veine,
Pour sûr qu'un jour, on y crèv'ra, on y crèv'ra!
Sur cett' putain d' terre africaine,
Enterrés sous le sable chaud, le sable chaud!
Avec pour croix un' baïonnette
A l'endroit où l'on est tombé, on est tombé!
Qui voulez-vous qui nous regrette,
Puisqu'on est tous des réprouvés, des réprouvés?
Cette chanson, "Le Légionnaire", est inspirée par celle des Bat'd'Afs, bataillons (légers) d'Afrique où étaient affectés ceux qui accomplissaient une peine de prison (sauf, en principe, pour crimes de sang) et dont c'était la période de conscription. Ils étaient chargés du tracé et de l'entretien des zones les plus rudes du Sahara, plus particulièrement dans le Sud Tunisien. La vie y était telle que ces bataillons furent finalement supprimés. C'était une arme en soi, et non un "supplément" disciplinaire à la Légion.
Petit glossaire:
Joyeux : nom que se donnaient, par ironie, les bataillonneurs.
Centrale : prison "centrale" où les condamnés accomplissaient leur peine.
Gabès, etc : villes de Tunisie dont Tataouine est restée la plus célèbre (avec Biribi, non cité), et plutôt bagne militaire.
Les deux premiers couplets datent de la fin du XIXème et le troisième couplet a été ajouté peu après la Seconde guerre mondiale.
Elle se chante en accentuant les assonances et rimes féminines : -ne, -le, etc qui renforcent la cadence.
Voici donc la version originale.
1. Il est sur la terre africaine
Un bataillon dont les soldats, dont les soldats
Sont tous des gars qu'ont pas eu d' veine
C'est les Bat' d'Af', oui nous voilà, oui nous voilà!
Pour êtr' Joyeux, chose spéciale
Y faut sortir d' la rue d'Poissy, d' la rue d'Poissy
Ou bien encor' d'une Centrale
C'est d'ailleurs là qu'on nous choisit, qu'on nous choisit!
2. Mais comme on n'a jamais eu d' veine
Pour sûr qu'un jour on y crèv'ra, on y crèv'ra!
Sur cett' putain d' terr' africaine
Dans le sable on nous enfouira, enfouira
Avec pour croix un' baïonette
A l'endroit où nous somm's tombés, nous somm's tombés
Qui voulez-vous qui nous regrette
Puisque c'est nous les réprouvés, les réprouvés. Mais après tout, qu'est-ce que ça fout!
Et l'on s'en fout!
En marchant sur la grand' route
Souviens-toi, oui souviens-toi, oui souviens-toi
Les Anciens l'ont fait sans doute
Avant toi, oui avant toi, ah! ah! ah! ah!
De Gabès à Tataouine
De Gafsa à Médiaoui-ine
Sac au dos dans la poussiè-ère
Marchons bataillonnaires!
3. Vous qui du haut de vos fenêtres,
Bourgeois nous regardez passer, r'gardez passer
Vous tremblez toute votre graisse
Car oui c'est nous les réprouvés, les réprouvés
Mais gardez bien vos femm's, canailles,
Car un jour nous vous les prendrons, vous les prendrons
Et ce jour là vaille que vaille
C'est vous qui irez en prison, oui en prison!
Voici à présent une version bien plus moderne: "Parachutistes" intitulée "En passant par la portière".
1. Y'avait là-bas en Algérie
Un régiment dont les soldats, dont les soldats
A chaque instant risquaient leur vie.
Parachutiste nous voilà, oui nous voilà.
Pour faire partie de cette élite
Il faut bien être un peu cinglé, un peu cinglé
Il faut surtout pas s'faire de bile
Savoir bien boire et s'amuser, et s'amuser.
2. J'ai vu mourir un pauvre diable
A peine âgé de dix-huit ans, de dix-huit ans
Son pépin s'était mis en torche.
Il est mort en criant maman, criant maman.
Je lui ai fermé les paupières,
Recueilli son dernier soupir, dernier soupir
Et j'ai écrit à sa pauvre mère
Comme un para savait mourir, savait mourir. Et on s'en fout, et après tout
Qu'est-ce que ça fout, la ,la, la
En passant par la portière
Parachutiste souviens-toi, oui souviens-toi
Qu'un jour il pourrait se faire
Malgré toi, oui malgré toi, la, la, la
Qu'après une chute libre
Tu auras cessé de vivre, la, la, la
Entorché dans l'atmosphère
Tu tomberas comme une pierre.
3. Et comme on n'a jamais eu d'veine
Un jour l'pépin s'ouvrira pas, s'ouvrira pas
Sur cette putain d'terre africaine
A cent à l'heure tu t'écraseras, tu t'écraseras.
On ramassera tes côtelettes,
Dans un grand sac à effets chauds, à effets chauds.
On dira saperlipopette
Ce gazier-là n'a pas eu d'pot, n'a pas eu d'pot.
4. On te mettra entre quat'planches
Entortillé dans ton pépin, dans ton pépin
Au cimetière de Maison Blanche
T'auras la gueule de tes copains, de tes copains.
T'auras les honneurs militaires
Et l'on mettra sur ton tombeau, sur ton tombeau
La croix de guerre réglementaire,
Et ce jour sera le plus beau, oui le plus beau.