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Sujet: Dans deux jours : El Moungar Mar 31 Aoû - 10:42:45
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2 Septembre 2021 - El Moungar - la fête du 2e REI Article rédigé par Marie Larroumet
Dans quelques jours, le 2 septembre, le 2er Régiment étranger d’Infanterie (2e REI) célèbrera sa fête régimentaire en commémorant le combat d’El Moungar.
Il rendra ainsi hommage à ses glorieux anciens de la 22e compagnie du capitaine Vauchez qui selon l’expression consacrée – bien qu’elle ne soit pas encore d’actualité à l’époque – « firent Camerone » quelque part dans le désert aux abords de la frontière algéro-marocaine le 2 septembre 1903.
Au début du XXe siècle, alors que la France est en pleine expansion coloniale, de très nombreux incidents, attaques et pillages, marquent les débuts de la pénétration des forces françaises dans le sud oranais, région du sud frontalière entre l’Algérie et le Maroc. Pour répondre à ces attaques et occuper le terrain, l’état-major français élabore le principe de colonnes autosuffisantes, formations polyvalentes qui regroupent des unités d’infanterie, de cavalerie, d’artillerie et du génie, sachant que les compagnies montées de la Légion étrangère forment souvent le noyau dure de ces colonnes. Dans le cadre de cette stratégie, les deux régiments étrangers sont appelés à fournir soit un bataillon soit une ou plusieurs compagnies.
Il est à noter que dans l’ensemble de l’armée française, seuls les 1er et 2e régiments étrangers ont durablement possédé des compagnies montées. Ces formations sont des compagnies d’infanterie montées à mulets - le mulet est le croisement d’un âne et d’une jument - dont le rôle est d’augmenter la mobilité de l’infanterie en territoire hostile en évitant la fatigue des hommes. La première compagnie montée est créée en Algérie, dans le sud-oranais, en 1881. Les compagnies montées participent ensuite avec succès aux opérations de la conquête du sud-oranais (1881-1907) et à la pacification du Maroc (1912-1934). Elles sont partiellement motorisées au milieu des années 1930. La dernière de ces unités est dissoute au Maroc fin 1949. Dans les colonnes, unités d’élite, les compagnies montées ont pour missions essentielles de se porter en avant, parfois de poursuivre l’ennemi, et de porter les premiers coups. Elles peuvent aller longtemps et loin pendant plusieurs jours en territoire hostile. En temps normal, les compagnies montées parcourent 40 à 50 km par jour en 10 à 15 heures de marche mais elles peuvent aller jusqu’à 70-80 km par jour. Pour tenir ce rythme le principe est qu’un mulet – communément appelé « brêle » - soit attribué à deux hommes, chacun alternant toutes les heures sur le dos de l’animal.
Ainsi, le 2 septembre 1903 au matin, les 115 hommes du 2e peloton de la 22e compagnie du 2e REI qui escorte un convoi de ravitaillement des postes des oasis présahariennes débouche dans la plaine d’El Moungar. Aussitôt pris à partie par plusieurs centaines de guerriers originaires de tribus nomades marocaines, les légionnaires font face. Dès les premiers coups de feu, les deux officiers et la moitié du détachement sont mis hors de combat, tués ou grièvement blessés. Les survivants - une quarantaine environ - commandés par le sergent-fourrier Tisserand – le sergent-fourrier était autrefois un sous-officier chargé de l’approvisionnement –, se regroupent alors sur une éminence voisine et, en plein désert et sous un soleil de plomb, résistent pendant plus de huit heures avant d’être dégagés par une colonne venue du poste le plus proche auprès duquel un spahi avait été envoyé demander du secours en milieu de matinée. A la fin du combat, en plus du capitaine Vauchez et de son adjoint le lieutenant Selchauhansen, officier danois servant à titre étranger, mortellement blessés, les pertes s’élèvent à 34 tués et 40 blessés.
La nouvelle de ce combat provoque une émotion considérable en France, l’opinion publique jugeant inefficaces les opérations sur la frontière algéro-marocaine et insuffisant les ordres donnés par les différents gouvernements pour interdire le territoire algérien aux pillards marocains.
Le gouverneur de l’Algérie obtient donc du Ministre de la guerre, après El Moungar, fin septembre 1903, la nomination, dans la subdivision militaire d’Aïn Sefra de qui dépend le sud-oranais, du général Lyautey (1854-1934), officier énergique ayant l’expérience des opérations de pacification et capable de créer une administration adaptée à la population qui avait précédemment obtenu de très bons résultats sous le commandement du Général Galliéni (1849-1916), tant à Madagascar que dans le Haut-Tonkin.
Formation glorieuse comme en témoigne son drapeau autant par ses décorations que par les noms de batailles brodées sur son tablier (voir à la fin de cet article), le 2e REI a toujours eu comme particularité d’être résolument ancré dans la modernité et à la « pointe de l’innovation ». Il l’est de nos jours sachant que ses légionnaires sont actuellement pionniers de la numérisation de l’espace de bataille et bénéficient des équipements les plus avancés technologiquement, comme il l’était dans le passé, avec ses compagnies montées. Voici sans doute pourquoi, les compagnies montées tiennent une telle place dans ses traditions régimentaires :
El Moungar est la fête régimentaire du 2e REI.
2e régiment étranger d'infanterie — Wikipédia
Créé en 1957 par le colonel Goujon, à l’époque Chef-de-Corps du 2ème REI, l’insigne règlementaire du régiment fait explicitement référence aux compagnies montées. C’est un rectangle d’argent bordé verticalement de part et d’autre de deux barres verticales verte et rouge avec, au milieu, la grenade à sept flammes frappée du chiffre « 2 » sur un fer à sept trous, sachant que ce fer était, dans l’armée française, le fer règlementaire attribués aux mulets. Et que dire de la mascotte du régiment, le mulet Tapanar qui, accompagné de son garde-Tapanar, est toujours présent sur les rangs lors des rassemblements ou des cérémonies. Pour finir, il est même à noter que les compagnies montées avaient un chant, devenu chant de tradition à la Légion étrangère, « Oh Susanna », que certains des lecteurs de cet article connaissent sûrement !
Sous la devise de la Légion étrangère, Honneur et Fidélité, les noms de batailles inscrites sur le revers du tablier du drapeau du 2e REI sont les suivants :
Le drapeau du 2e REI porte en outre les décorations suivantes :
- Croix de guerre des Théâtres d'opérations extérieures avec trois palmes (Indochine 1945/1954 et Guerre du golfe 1990/1991)
- Croix de la Valeur militaire avec palme de bronze lors de la Guerre d'Afghanistan (2001-2014) remise le 19 novembre 2012
- Croix de la Valeur militaire avec étoile de vermeil pour les opérations menées en 2013 au cours de l'opération Serval
- Croix de la Valeur militaire avec palme de bronze pour ses missions de protection de la population civile et des ressortissants français en Centrafrique de 2014 à 2015 lors de l'opération Sangaris. Elle a été remise par le Général d'Armée Éric Bellot des Minières en mai 2016.
Le 2e REI est donc titulaire de trois citations (dont deux à l'ordre de l'armée et une à l'ordre du corps d'armée).
- Le drapeau est également décoré de la Médaille d'or de la ville de Milan en témoignage de reconnaissance aux vainqueurs de Magenta et Solferino.
Les personnels du régiment sont autorisés à porter la fourragère aux couleurs de la Croix de guerre des Théâtres d'opérations extérieures.
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sandor
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Sujet: Re: Dans deux jours : El Moungar Mar 31 Aoû - 17:03:07