Ce 23 décembre, à l’aéroport d’Orly, un militaire ayant été affecté au 9e Régiment d’Infanterie de Marine [RIMa] a été contrôlé par les douanes avec 4 kg de cocaïne en sa possession. Interpellé, il a été immédiatement placé en garde à vue dans les locaux de la Police aux frontières d’Orly, dans le cadre d’une enquête de l’Office anti-stupéfiants [Ofast].
Seulement, et selon des informations du quotidien Le Parisien, quand une policière lui apporté un repas dans sa cellule, ce militaire de 33 ans en a profité pour lui dérober son arme avant de se tirer une balle au niveau de la tête. « Blessé, il est mort lors de son transport à l’hôpital », a ensuite fait savoir le parquet de Créteil. Ce dernier a confié une enqête pour « recherche des causes de la mort » à l’Inspection générale de la police nationale [IGPN].
« Il était en permission au moment des faits », a précisé le colonel Éric de Lapresle, le porte-parole de l’armée de Terre, auprès de l’AFP. Quant à a policière, elle a été prise en charge par une cellule psychologique. Elle devait être entendue par l’IGPN.
Qu’un militaire ait pu être pris avec autant de cocaïne sur lui peut sembler surprenant dans la mesure où son profil ne coïncide pas exactement avec celui récemment décrit dans un rapport du Sénat au sujet des « mules », qui, à partir de la Guyane, se livre au trafic de drogue(s).
« Le niveau scolaire des transporteurs de stupéfiants est faible, puisque 60 % des personnes composant l’échantillon n’ont aucun diplôme, et 24 % d’entre eux ne déclare aucune activité professionnelle en cours ou passée. La précarité sociale des transporteurs de stupéfiants s’illustre également par la proportion élevée de personnes hébergée par des tiers, seuls 37 % d’entre eux étant détenteurs de leur propre logement. La forte proportion de célibataire [70 %] témoigne également du fort niveau d’isolement social des individus concerné », lit-on dans ce rapport.
Et ce dernier d’ajouter, citant la directrice du centre pénitentiaire de Cayenne : « La majorité des détenus hommes ou femmes, mules sont primo-délinquants, ne sont pas consommateurs, ne sont pas ancrés dans la délinquance et sont relativement jeunes. Ils évoquent tous l’envie de pouvoir disposer de liquidités pour des achats futiles […]. Ces personnes n’ont peu ou pas de perspectives et deviennent des professionnels du transport de stupéfiants. »
Entre 20 et 30 « mules » tentent de prendre chaque vol au départ de l’aéroport « Félix Eboué » [qualifié de point de mire ou de goulot d’étranglement] à destination de celui d’Orly. Et 8 à 10 parviennent à ne pas se faire prendre.
Ce trafic au départ de la Guyane ne cesse de prendre de l’ampleur. D’après les chiffres de l’OFAST, les saisies de cocaïne liés aux filières guyanaises se sont élevées à 2.500 kg en 2019, soit près de vingt fois plus par rapport à 2010. En outre, 1.200 passeurs ont été interpelés..; contre 601 en 2017 et « seulement » 88 en 2010.