samedi 24 février 2007, 18h37
L'arrivée des SDF au Fort de Nogent se fait au compte-gouttes
Par Marjorie Boyet
FONTENAY-SOUS-BOIS (AFP) - Quatre sans-abris ont rejoint samedi les dix SDF du Canal Saint-Martin arrivés depuis vendredi soir au fort légionnaire de Nogent à Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne), mis à leur disposition par le ministère de la Défense.
Au total, 14 personnes, dont deux ne viennent pas du Canal Saint-Martin, sont accueillies dans le fort, qui peut héberger jusqu'à 100 SDF, selon Alain Raoul, directeur général de l'Armée du Salut. Parmi ces personnes, figurent deux couples.
Au canal Saint-Martin à Paris, il restait vendredi encore 140 tentes sur les 280 comptabilisées fin décembre malgré l'accord signé en janvier avec le ministère de la Cohésion sociale pour reloger les SDF qui s'étaient installés avec l'association les Enfants de Don Quichotte.
L'Armée du Salut, responsable du site dédié aux SDF dans le fort, s'attend à des arrivées prochaines. "Quatre personnes, qui ont une bonne image du fort et de l'accueil reçu, sont allées chercher le reste de leurs affaires au Canal Saint-Martin. Ils vont en parler à leurs camarades", pronostique M. Raoul.
Le fort a été mis cette semaine à la disposition des SDF, en réponse à une demande de Jean-Louis Borloo, ministre de la Cohésion sociale.
L'Armée du Salut dit avoir obtenu de l'Etat la garantie que les personnes y seraient accueillies jusqu'à ce qu'une solution pérenne soit trouvée.
"J'ai bien dormi mais j'ai été réveillé par mon collègue. C'est pas une chambre individuelle, c'est un dortoir", regrette pour sa part Moussa, 32 ans, à la rue depuis l'expulsion de son appartement en juin dernier. Au Canal Saint-Martin, il faisait partie des derniers arrivants.
"Une tente, ce n'est pas une vie. Ici, c'est un point de départ. On peut se reposer, être propre, en sécurité et faire nos démarches", concède l'homme qui a rendez-vous lundi avec des travailleurs sociaux.
Les 20 chambres, de 40 m², sont sommaires : cinq lits en fer, une table avec des tabourets et une armoire grise pour chacun, fermée par un cadenas.
Les lits superposés, prévus pour les militaires de passage, ont été remplacés par des lits simples par souci de "convivialité".
Le "point restauration", installé dans un hangar chauffé, où sont alignées de grandes tables de campagne, va être réaménagé en petites tablées. Les repas chauds ne seront livrés qu'à partir de lundi.
Les sans-abris ont la possibilité d'entrer et sortir librement du fort. Les militaires, au nombre de 80, veillent cependant au respect des consignes de sécurité.
Le capitaine Sylvain Bourgeois, qui accueille pour la première fois des sans-logis, assure que la cohabitation "se passe bien". "Nous avons créé une zone dédiée à l'accueil des SDF. C'est une bulle où les militaires ne rentrent pas", a-t-il expliqué à l'AFP en désignant les barrières qui marquent cette séparation.
Augustin Legrand, porte-parole des Enfants de Don Quichotte, qui avait pourtant accueilli favorablement l'idée du relogement au fort, a déclaré samedi à l'AFP que ce relogement était "loin d'être une solution adaptée" pour tous les SDF, notamment les alcooliques, les toxicomanes et les femmes sans enfants. Il a demandé à rencontrer le Premier ministre Dominique de Villepin.