- alois a écrit:
- je suis désolé,
j'ai mis un sujet s'y rapportant dans information générale, je laisse le soin aux administrateurs de rectifié le tir si j'ose dire.
mes respects au Général Bigeard
Bigeard : "Un très bel exemple d'élévation au mérite", selon le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian a présidé la cérémonie de transfert des cendres du général à Fréjus, se gardant bien d'évoquer la guerre d'Algérie...
Nous publions ci-dessous le texte intégral du discours prononcé par Jean-Yves Le Drian, ministre de la défense, aujourd'hui à Fréjus, lors du transfert des cendres du général Marcel Bigeard au Mémorial des guerres d'Indochine. Ce transfert avait suscité quelques polémiques au sein de la gauche radicale, dont nous nous sommes fait l'écho.
Prudemment, le ministre de la Défense s'est bien gardé d'évoquer la participation de Bigeard à la guerre d'Algérie, tout comme son engagement politique à droite...
Reste que Jean-Yves Le Drian a tenu sa promesse d'un hommage au risque de faire crisser quelques dents dans son propre camp.
"Comme s’il n’avait rien laissé au hasard, c’est le 18 juin 2010, le jour du soixante-dixième anniversaire de l’appel du général De Gaulle, que le général Bigeard nous a quittés. Le 18 juin est un jour qui symbolise les valeurs de courage, de dévouement, de grandeur, qu’il a faites siennes tout au long de sa vie. Un jour qui nous rappelle aussi ses premiers combats en 1940, quand, prisonnier des Allemands, refusant lui aussi la défaite, il tente par trois fois de s’évader
parvenu en zone libre, il part s’engager en Afrique ; et c’est aux côtés des résistants d’Ariège, où il a été parachuté, qu’il finit une guerre héroïque. Le 20 novembre éveille d’autres souvenirs, ceux qui nous rassemblent aujourd’hui. Moi qui l’ai connu sur les bancs de l’Assemblée nationale, je crois qu’au fond, s’il avait eu vraiment le choix, c’est sans doute ce jour-là qu’il aurait retenu.
Le 20 novembre 1953, le chef de bataillon Bigeard survole les rizières du Tonkin. Depuis 1945, c’est son troisième séjour en Indochine. Avec le 6e BPC, un an auparavant, il a déjà connu la gloire en ayant fait preuve du plus grand courage : à l’automne 1952, parachuté sur Tu Lê avec son bataillon, il est menacé d’encerclement par une division du général Giap. Commence alors l’une des manoeuvres d’exfiltration les plus audacieuses de notre histoire militaire.
Lui et ses hommes sont donnés pour perdus, mais ils se frayent un chemin à travers la jungle et déjouent la poursuite des combattants du Vietminh. Après plusieurs jours harassants, ils parviennent jusques aux lignes françaises. Toute la France vibre alors au seul nom de Bigeard, qui s’étale à la une des journaux. Une première fois, il venait de faire la preuve qu’une retraite pouvait être héroïque. Au matin du 20 novembre 1953, l’opération Castor vient d’être lancée et le chef de bataillon Bigeard s’apprête à sauter sur Dien Bien Phu. Le « 6 » sera parachuté deux fois sur la cuvette. Ce matin-là, avec le 2ème bataillon du 1er régiment de chasseurs parachutistes, ils doivent s’emparer de l’aéroport et de ces collines dont les noms vont entrer dans l’histoire : Gabrielle, Béatrice, Eliane… Au terme d’un magistral combat, la mission est remplie, le colonel de Castries prend le commandement du camp retranché, Bigeard et ses hommes sont relevés.
Au printemps 1954, le général Giap décide une attaque générale contre Dien Bien Phu et conduit lui-même l’assaut. Le 6e BPC est parachuté le 16 mars, alors que le sort de la bataille est scellé. Sa seule arrivée insuffle du courage. Nommé lieutenant-colonel au cours de ces combats, Bigeard devient l’un des héros de Dien Bien Phu, l’un de ceux qui n’aura jamais baissé la tête. Le communiqué de victoire du Vietminh lui-même, rendra hommage à « l’acharnement et l’héroïsme extrêmes » dont il aura fait preuve.
On ne peut citer tous les combats de Marcel Bigeard. Pendant vingt ans, de l’Alsace au Sénégal, des cuvettes de Ban Som et de Dien Bien Phu aux djebels algériens, il est de toutes les guerres de la France, ayant lié son destin à celui de la Nation, parce qu’il a toujours cru en un idéal qui dépassait l’horizon de sa vie. De l’Indochine, il rentre avec plus de vingt citations.
C’est l’Indochine qui le révèle à la Nation comme un très grand soldat. C’est là, surtout, qu’il se distingue comme un chef charismatique, aux qualités exceptionnelles. Car celui qui était aimé, admiré de tous, avait en retour la passion de ses hommes, prompt à les exhorter au combat, mais toujours attentif à leur sort. En un sens, c’est cette passion-là qui nous rassemble ici.
En l’accompagnant dans sa dernière demeure, au Mémorial de Fréjus, nous ne rendons pas seulement hommage à l’engagement qui fut le sien en Indochine. Nous saluons la mémoire de tous ceux qui, comme lui, parfois à ses côtés, furent engagés en Indochine et y perdirent la vie, au service de la France. Aujourd’hui, nous sommes les témoins de ce lien qui s’est forgé au feu entre Bigeard et tous ces hommes, ce lien que rien n’aura pu altérer. C’est que le général Bigeard fut d’abord l’un d’entre eux. Employé de banque entré dans l’armée comme militaire du rang, il s’est hissé, par son courage au feu et son aptitude au commandement, jusqu’au sommet de la hiérarchie militaire. C’est un très bel exemple d’élévation au mérite pour nos armées et notre République.
Général de corps d’armée sorti du rang, cinq fois blessé, titulaire de 25 citations individuelles et Grand-Croix de la Légion d’Honneur, il fut un parachutiste hors pair et un soldat infatigable, jusque dans les combats politiques qu’il a portés à l’Assemblée nationale et notamment à la Commission de la Défense qu’il présidait. C’est là que je l’ai connu. Avec lui, une page importante de notre histoire se tourne.
Aujourd’hui, cinquante-neuf ans après le début de l’Opération Castor, celui qui a donné aux « paras » de France quelques « parcelles de gloire » et une part essentielle de leur identité, rejoint dans l’éternité ses compagnons d’Indochine. Hommage lui soit rendu. C’est dans le souvenir commun des combattants d’Indochine que nous nous recueillons aujourd’hui. S’il faut mesurer tout le chemin que nous avons parcouru depuis, n’oublions pas que ce conflit colonial fut un jour notre guerre et que ces hommes sont tous morts pour la France. Aujourd’hui, avec respect, nous leur rendons hommage.
" Rédigé par Jean-Dominique Merchet le Mardi 20 Novembre 2012 à 16:15
Le général Bigeard repose désormais parmi ses frères d’armes
Zone Militaire, 20 novembre 2012 – 16:51
Plus de deux ans après sa disparition, le général Marcel Bigeard repose désormais au milieu de ses frères d’armes, au mémorial des Guerres d’Indochine, à Fréjus, où ses cendres ont été transférées lors d’un hommage qui lui a été rendu ce 20 novembre, en présence de l’ancien président Valéry Giscard d’Estaing, du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, et du ministre délégué aux anciens combattants, Kader Arif.
Le choix de cette journée n’est pas anodin. Le 20 novembre 1953, le général Bigeard, qui commandait alors le 6ème Bataillon de parachutistes coloniaux (BPC) participait à l’opération Castor, prélude à la bataille de Dien Bien Phu, au cours de laquelle il s’illustra courageusement.
D’ailleurs, le général Bigeard avait souhaité, de son vivant, que ses cendres fussent dispersées au-dessus de ce champ de bataille, afin de rejoindre ses camarades tués au combat. Mais les autorités vietnamiennes s’y opposèrent. Ses proches pensèrent alors à la nécropole de Fréjus, où sont accueillies les dépouilles d’anciens combattants d’Indochine qui ont souhaité reposer près de leurs camarades Morts pour la France.
Plus tard, l’idée fut avancée de transférer l’urne funéraire du général Bigeard dans le caveau de l’église du soldat, aux Invalides, auprès des gloires militaires françaises. Seulement, le héros de Dien Bien Phu ne comptait pas que des amis et des admirateurs. Mais aussi des détracteurs à la mémoire et à l’indignation sélectives.
Depuis, ces derniers s’emploient donc à empêcher qu’un ultime honneur soit rendu au général Bigeard, en l’accusant d’avoir pratiqué la torture, notamment en Algérie, chose dont il s’était toujours défendu, même s’il avait reconnu que c’était un “mal nécessaire.”
“Quand les bombes sautent, que des gosses sont tués ou blessés, quand on crève sous le regard de ses parents les yeux d’une jeune fille, est-il possible de ne pas réagir, de ne pas s’opposer? S’il y a une chose dont je suis sûr, c’est qu’il est difficile de juger confortablement assis dans son fauteuil. (…) L’action psychologique aussi était nécessaire. Grâce à elle, plus de cent bombes ont été retrouvées. Et combien de vies d’innocents épargnées?” avait-il confié au Figaro, en novembre 2000.
En réponse à une pétition qui, lancée par L’Humanité à la même époque, réclamait que la lumière soit faite sur l’affaire algérienne, l’éditorialiste de Marianne, Guy Konopnicki avait écrit :
“L’armée a pu pratiquer la torture en Algérie parce que le gouvernement du socialiste Guy Mollet lui avait donné carte blanche.
[...] L’Humanité se grandirait en s’interrogeant aussi sur les responsabilités des ministres communistes dans la répression des émeutes de 1945, à Sétif et à Constantine, lorsque Maurice Thorez était ministre. La vérité n’épargnera personne.
Pas même les Algériens, qui pourraient aussi éclairer des zones d’ombres (tortures pratiquées par le FLN, élimination des nationalistes légalistes partisans de Messali Hadj…). Tant qu’à établir la vérité, autant ne rien laisser dans l’ombre.”
Quoi qu’il en soit, ceux qui se sont opposés au transfert des cendres du général Bigeard aux Invalides lui auront rendu service étant donné que le mémorial de Fréjus est sans nul doute l’endroit le mieux approprié pour les accueillir.
Et quand bien même ils ont à nouveau donné de la voix pour protester contre ce projet, le ministre de la Défense, qui l’a personnellement connu sur les bancs de l’Assemblée nationale, ne leur a donc rien cédé.
Interrogé par Var Matin, Jean-Yves Le Drian a estimé que le général Bigeard représentait “une histoire, des hauts faits d’armes, un engagement.
Et comme tout homme, des périodes fortes et des périodes moins fortes.” Et d’ajouter : “Mais au total, c’est une personnalité qui mérite le respect.”