Un an après avoir été nommé à sa tête, le colonel Cyrille Youchtchenko a transmis le commandement de la 13ème Demi-Brigade de la Légion étrangère (DBLE) au lieutenant-colonel Maffeis, au cours d’une prise d’armes organisée le 21 juillet dernier à Aubagne.
Chose rare pour être soulignée, le drapeau de la 13ème DBLE, porté par un adjudant-chef médaillé de la Légion d’honneur, était présent en métropole pour la troisième fois depuis 1940, année de sa création pour constituer un corps expéditionnaire pour combattre en Norvège. Il partira prochainement aux Emirats arabes unis, la nouvelle destination de cette unité, qui a quitté Djibouti après 49 ans de présence sur le continent africain. Ce changement ne s’est pas fait sans mal : dans un ordre du jour diffusée en novembre 2010, le colonel Youchtchenko avait évoqué des sentiments « d’amertume légitime » et « d’injustices difficilement supportables ».
« Nous sommes rassemblés aujourd’hui sur les bords de la voie sacrée pour une cérémonie de caractère exceptionnel. Cette prise d’armes marque en effet à la fois le terme d’une très belle aventure africaine de presque cinquante années, au cours desquelles la 13 a donné la pleine mesure de son efficacité opérationnelle, et le début d’une nouvelle aventure en péninsule arabique qui va offrir à votre unité une magnifique occasion de s’illustrer dans un nouvel environnement » a déclaré le général Bouquin, le commandant de la Légion étrangère, au cours de cette cérémonie.
La 13ème DBLE sera le groupement « Terre » de l’implantation militaires française aux Emirats arabes unies (IMFEAU), avec des effectifs réduits par rapport à ceux qu’elle avait à Djibouti puisqu’ils devraient passer d’environ 700 légionnaires à 270. Ses quartiers seront établis à Zayed Military City.
Cela fait suite aux accords de défense passés entre la France et les Emirats, lesquels demandèrent à Paris une présence militaire française permanente sur leur territoire en janvier 2008.
Cet accord a d’ailleurs été définitivement approuvé par le Parlement le 12 juillet dernier. Il prévoit une clause de sécurité qui engage la France à « dissuader ou à repousser toute agression qui serait menée par un ou plusieurs Etats » contre les Emirats, ce qui implique, en cas de conflit, l’intervention de troupes françaises, le recours aux armes nucléaire étant exclu.
Des garanties ont été obtenues, à la demande du Conseil d’Etat, sur l’application aux personnels français de la charia (loi islamique) en vigueur aux Emirats. « L’accord est protecteur pour nos forces, il correspond à nos valeurs » a récemment confié l’amiral Edouard Guillaud, le chef d’état-major des armées (CEMA).
Selon l’annexe 11 du rapport 2857 de l’Assemblée nationale (budget opérationnel de la Défense), l’implantation militaire française aux Emirats coûtera 75 millions d’euros par an, ce qui n’est pas considéré comme étant excessif eu égard aux avantages qu’elle va procurer, notamment en matière de relais pour les opérations extérieures (elle est située en plein dans l’arc de crise défini par le Livre blanc sur la défense) et de capacités d’entraînement. Sans compter qu’elle servira de vitrine pour les matériels français, et cela dans une région avide d’équipements militaires. Ainsi, les canons CAESAR, les VBCI et le système FELIN devraient équiper la 13ème DBLE.