Consignes aux militaires français en Afghanistan :
déni de valeurs et profil bas - que se passe-t-il vraiment ?Ce n’est pas le devoir de réserve qu’on transgresse, c’est nos valeurs !Le pavé dans la mare a été lancé par un aumônier, le père Benoît Jullien, détaché au 2°REP (régiment étranger parachutiste).
Le devoir de réserve est-t-il transgressé lorsqu’il s’agit de rendre compte de ce que l’on a vu ? Il faut croire que oui puisque, aux dernières nouvelles, le père a été prié de « quitter » la Légion.
Quel est le péché de ce prêtre opérationnel, para jusqu’à l’âme et réputé ne pas mâcher ses mots ? Il fustige et accuse simplement la hiérarchie – et tout ce qu’il y a derrière – de compromission envers les islamistes combattus en Afghanistan et musulmans soutenus par nos troupes par une obligation de « profil bas » devant l’Islam.
Apprécié par tous, il est dans le collimateur de sa hiérarchie pour avoir parlé de « dysfonctionnements importants qui ont conduit à des dérives graves ».
Aujourd’hui les langues se délient et ce qui se disait dans les popotes se retrouve à présent dans les médias ; les militaires français en Afghanistan en ont gros sur le cœur et commencent à le faire savoir. On ne peut pas, longtemps, cacher de telles consignes déshonorantes et poursuivre sereinement sa mission.
Mais chut, secret oblige, il a été très difficile d’obtenir des informations, les militaires, conscients des impacts, notamment des réactions des talibans et y compris sur leurs carrières n’iront pas plus loin que le courageux aumônier ; tout est dans son rapport, rien ne sera, pour l’instant, dit de plus.
Le problème dans cette affaire, ce n’est pas la transgression du devoir de réserve ou plus prosaïquement celui de fermer sa gueule mais bien de déterminer un seuil de résistance aux ordres :
à partir de quand notre système de valeurs est-il en contradiction avec les exigences du commandement ? Sachant que tout militaire doit s’interroger sur la légalité de tout ordre exécuté, peut-il aussi faire marcher son cerveau par une autre interrogation :
celle de la congruence entre ce qui lui est ordonné et ce qu’il fait ? Il est clair que la différence entre les deux données est aux antipodes l’une de l’autre, dans le cas global qui nous préoccupe c’est d’une consigne dont il s’agit : celle de ne pas froisser l’Islam et d’adapter nos attitudes, fussent-elles méprisables … à nos yeux.
Il fait chaud, très chaud, près de 50 degrés, la femme en uniforme, française, qui distribue, action humanitaire ? des tapis de prières aux femmes afghanes d’un village (c’est dans le rapport), doit avoir les bras couverts, le prêtre ne mâche pas ses mots en sous entendant que les tapis sont financés par le contribuable français.
Tout ce que nous apportons, construisons, livrons est accepté avec mépris, le mépris de ceux qui ont déjà perdu la guerre, c’est le ressenti exprimé du père Jullien. Mépris aussi envers cette jeune sous-officier féminin contrainte par sa hiérarchie de dissimuler sa tête ne laissant que le visage, une partie seulement, visible au motif de respect envers…je vous laisse deviner la suite…
S’adapter aux valeurs de l’Islam afghan, c’est perdre les nôtres et accepter que les dérives deviennent acceptables, puis normales, au risque de perdre tout sens moral, puisque là bas, c’est normal d’être le mari de 50 ans d’une fillette de 10 ans. Alors on passe, et de normalité en normalité, on accepte de transgresser nos valeurs.
En France, un homme de 50 ans avec une fillette de 10 ans, c’est de la pédophilie (dans le rapport). Pour ne pas déplaire, nos soldats peuvent sombrer dans une servilité dont les psychiatres parviendront ou ne parviendront pas à réparer les effets pervers, les cerveaux incapables de connecter ce qu’ils observent à leurs acquis moraux et valeurs républicaines aux ordres légaux reçus.
Ces « deux poids deux mesures » morales à des milliers de kilomètres de distance peuvent déstabiliser gravement le psychisme de nos soldats.
C’est ainsi qu’ils peuvent assister à la quasi mise à mort d’une mère de famille par son mari qui l’assomme, au sol, de coups de pieds, aux cris et hourras de liesse de ses enfants mâles. « C’est comme ça ici… » Et on passe son chemin.
Les ordres, les consignes, sont des contre-sens humains, tabasser une femme pour le plaisir devrait, normalement, conduire son exécuteur en prison, ou devant un juge, ici le juge c’est le mari barbu qui donne les coups, la femme est son objet, sa bête de somme, sa prison est son voile et le militaire français un passager du temps qui n’est ni le sien ni celui de ses valeurs, simple observateur qui se déshumanise.
Cérémonie militaire troubléePendant qu’on rendait hommage à un légionnaire tué, drapeau français dans le vent, militaires au présentez-armes, minute de silence, des dignitaires locaux invités aux cérémonies sont restés assis plaisantant bruyamment entre eux. Il est même rapporté que certains, fort nombreux, se sont rapidement portés vers le foyer des soldats pour écluser bière sur bière n’oubliant pas d’en provisionner, au passage, les larges poches de leurs burnous.
Nos militaires se battent déjà dans des conditions difficiles. Ils risquent leurs vies en permanence. Faut-il, en plus, leur imposer des consignes qui nous déshonorent tous ?
Louis Pinou : http://www.armees.com