L'affaire du Bazooka
Le 16 janvier 1957 un attentat mystérieux est commis contre le Général
Salan, alors Commandant de la 10eme Région Militaire, commandant interarmées à Alger.
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Raoul Salan - Tom 3 " fin d'un empire " Algérie Française.
..." C'est seulement à 18h40 que je quitte mon bureau dont les volets ont été fermés à la nuit tombée.
J'arrive au gouvernement général et me rend immédiatement chez M.
Lacoste. Nous parlons un moment de la situation dans Alger et du léger ralentissement dans la mise en place des paras.
Dix-neuf viennent de sonner quand un énorme fracas, comme on n'en a jamais entendu dans Alger, ébranle l'édifice. Malgré l'obscurité on voit monter au-dessus du port une épaisse colonne de fumée noire et jaunâtre. Nous nous regardons atterrés
---C'est chez vous, le commandant
Rodier est blessé.
Je mets mon képi, dévale les escalier, bondis dans ma voiture et, à toute allure, rejoins la Xème région.
Ma femme m'attend devant la porte.
---
Rodier est mort, me dit-elle.
"......"Sans m'arrêter je pénètre dans le bureau du cabinet militaire. Là le spectacle est atroce.
Basset, décomposé, les cheveux roussis, me fait signe. Sa main est rougie de sang car dans l'obscurité il s'est approché de
Rodier en l'appelant et sa main a touché son corps. Il me montre dans le coin de la pièce, derrière son bureau, son camarade projeté au sol, avec une énorme blessure au flanc gauche, la poitrine ouverte. Le malheureux a été presque partagé en deux. Sur le parquet et au plafond le sang a giclé en larges plaques. Bien que la guerre m'ait souvent montré des cadavres affreusement mutilés, je ne puis oublier ce spectacle.
"...
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..."Le 20 janvier a 9 heures. - Commandant
Henry chef de la sécurité militaire et le Lieutenant-colonel de
Shacken, chef du 2eme bureau. Mon Général, me disent-ils, après l'attentat au bazooka, il devient indispensable que vous soyez mis au courant des bruits qui courent, si désobligeants soient-ils. Nous avons longuement conversé avec le juge
Bérard et les propos qu'il nous a tenus confirment bien ce que nous avons appris. Depuis le 15 décembre dernier, vous faites ici l'objet d'une campagne de diffamation, dont l'origine est à Paris.
Notez la " griffe de De Gaulle et de son entourage. Diffamer avant d'agir. Je me demande si Salan connaissait bien De Gaulle ? N'avait-il pas pensé un seul instant à l'attentat de son ancien collègue Giraud ? Et a l'assassinat de Darlan ? N'avait-il pas pensé à toutes ces similitudes ?La conversation se poursuit :-