Calvi
Des montagnes afghanes à la Balagne la voix des légionnaires vers leur famille
Paru aujourd'hui, dimanche 21 mars 2010 0 commentaire(s)
Hier, plus d'une centaine de femmes et d'enfants des militaires du 2e Rep ont participé à une journée d'information au Camp-Raffalli.Une salle obscure. Un public d'une large centaine de femmes et d'enfants. Tous les regards rivés sur l'écran. Les militaires du 2e Régiment étranger de parachutistes (Rep) de Calvi étaient hier à l'affiche devant leurs familles. Mettant en images leurs deux théâtres d'opération : Djibouti et l'Afghanistan. En guest-star, le colonel Éric Bellot des Minières parle devant un marché de la province de Surobi (Afghanistan). « Nous vivons bien, nous sommes bien installés, le moral est bon et l'accueil de la population est chaleureux mais mesuré », explique sobrement le chef de corps. Des hauts plateaux aux villages de la vallée de Surobi, en passant par les coulisses de la base de Tora, l'assistance plonge au coeur d'une réalité qui se veut rassurante.
Un film pour diminuer l'angoisse de tous les jours
Dans une bourgade, on tente de construire un pont. Dans une vallée, c'est un camp qui sort de terre. Quelques opérations de sécurisation sont esquissées, mais aucune violence ne sera visible. La suite du court-métrage enchaîne une galerie de portraits sur fond de musique pop. Visages burinés, photos de groupe. Pas question de servir un film d'actions à grands renforts d'effets spéciaux. Sur les sièges, on cite un nom, on se souvient d'un moment, on commente mezzo voce le bronzage ou le port de lunettes à l'américaine... Ces quelques minutes sont celles des familles restées sur le front du quotidien depuis le début du mois de janvier. « Cette journée d'information constitue un lien qui permet de les rassurer en leur montrant comment ils vivent, et en diminuant ainsi leur angoisse », résume le colonel Richard Fauveau, qui seconde le chef de corps au Camp-Raffalli. « La communication fait d'ailleurs partie intégrante de notre mission, au même titre que l'entraînement des compagnies qui restent en renfort en Balagne », poursuit-il. « Il y a le 2e Rep Altor en Afghanistan et le "strong point", le point d'appui de Calvi », sourit le commandant Patrick Lassée au coeur du mess des sous-officiers qui croule sous les poussettes. Lors de cette journée placée sous le signe de l'échange. La vie de tous les jours au Camp-Raffalli ? En un sens elle continue, mais elle gravite complètement autour de Djibouti et de l'« Afgha », où l'on sait que l'ambiance peut être « dégradée », comme le disent les militaires. Les épouses aussi, savent bien qu'ils ne sont ni à « Disneyland », ni au « Club Med. » « Nous faisons en sorte d'assurer nos tâches et de les soutenir car ils ont besoin de nous, ce ne sont pas que des combattants, mais des maris et des pères », souligne Catherine, aux côtés de son fils Anthony.
Un majordome à la tête d'un bureau d'entraide
D'habitude plutôt discret, le 2e Rep se laisse aujourd'hui entrevoir dans ce combat de tous les jours mené par les femmes. « Épouser un légionnaire, c'est épouser la Légion », note une fille de militaire qui a elle-même célébré ses noces avec un « képi blanc ». L'important ? Être présent et disponible. Cette mission délicate est assurée par l'adjudant-chef David Deptula, un vieux de la vieille qui a été de tous les conflits depuis 30 ans. Et dont le téléphone « toujours dans le rouge sonne nuit et jour. » Du problème de plomberie jusqu'au rendez-vous médical, le « majordome » du régiment est toujours aux aguets. Et sait « ce qu'il faut dire » de chaque côté du front. « Depuis le décès du sergent Penon en août 2008, nous avons repris ce qui se faisait ailleurs et créé un bureau d'entraide qui soutient les familles », détaille le colosse. Site internet, ligne téléphonique, activités culturelles ou sportives : l'agenda ne désemplit pas. En attendant le retour des « Afghans », au début du mois du juillet. Les soldats de Djibouti passeront eux le 30 avril les célébrations de Camerone, la grande fête de la Légion, à Calvi. D'ici là, la voix du 2e Rep se fait entendre chaque jour. Des montagnes afghanes à celles de Balagne.
Paul Ortoli