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 esprit légionnaire a travers les ages

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sandor

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MessageSujet: esprit légionnaire a travers les ages   esprit légionnaire a travers les ages Icon_minitimeDim 7 Juin - 17:08:44

par Jean de la Valliere(extrait)
Le vrai visage de la Légion

Vous légionnaires, vous êtes soldats pour mourir,
je vous envoie où l'on meurt.
Général de Négrier, Tonkin, 1885.

Coeurs au rebut et aventuriers militaires
" Légion des damnés ", " Légion des maudits et des réprouvés ", ces mots reviennent sans cesse sous la plume des journalistes et le public en conclut que des gens de sac et de corde - fleur de la racaille internationale - s'y camouflent pour échapper aux conséquences de leurs méfaits. On la confond d'autant plus volontiers avec les bataillons disciplinaires que la littérature contemporaine, la presse et le cinéma n'initient guère leur clientèle qu'aux formes crapuleuses de l'aventure.
Une mise au point donc s'impose. A l'occasion, la Légion donne leur chance à des hommes qui ont accidentellement failli et qui veulent se racheter. Elle ne repousse pas, lorsque la sincérité de ces délinquants mineurs est certaine, leur désir de réparer, en s'exposant au danger, un instant d'égarement. Mais ils ne s ont qu'une infime exception.
Précisons, pour ceux qui l'ignorent, qu'elle refuse actuellement les trois quarts des offres de service qui lui sont faites. Un filtrage très sévère s'effectue dans ses centres régulateurs de France et l'incorporation du candidat légionnaire ne devient définitive qu'après une période d'épreuve à Sidi-Bel-Abbès (2), où des organismes spécialisés s'assurent qu'il est sain moralement et physiquement. Vite repérés parmi les Belges et les Suisses dont ils empruntent d'ordinaire la nationalité, les Français sont examinés avec une attention particulière, car leur avantage, à première vue, s'ils n'avaient rien à cacher, serait de s'engager sous leurs vrais noms dans l'armée régulière.

Caporal de grenadiers et fusilier. Mexique. 1863.

Mais cette suspicion n'est pas toujours justifiée. Beaucoup d'émeutiers traqués après la révolution de 1848 et la Commune firent une fin très honorable à la Légion. Pendant la dernière guerre, les légionnaires d'Orliac et Blanchard, inscrits sur les contrôles du 1er Etranger, n'étaient autres que le comte de Paris et le prince Napoléon, à qui une loi interdisait de se battre ouvertement pour leur pays.
A la Légion, on n'a que l'âge de ses muscles. C'est la dernière armée de métier, uniquement composée de volontaires qui y contractent un engagement de cinq ans, à leur gré renouvelable ou non, et qu'un statut spécial dispense de fournir aucune pièce d'identité. On les prend parce qu'ils sont aptes à servir, avec le nom et la nationalité qu'il leur convient de donner, et c'est prétexte à écrire bien des sottises à leur sujet ! Les films et les romans-feuilletons, quand ils n'en font pas de mauvais garçons, découvrent à la pelle parmi eux les princes déchus, les banquiers ruinés, les proscrits dont la tête est mise à prix, les officiers cassés, les prêtres défroqués et les héros de tragédies passionnelles.
Et, certes, tous les spécimens d'hommes que la vie a brisés existent ou ont existé à la Légion.

Les causes qui ont décidé ces étrangers à s'expatrier sont multiples. La faim, bien sûr, intervient; mais généralement, c'est sous le coup d'une " crise " qu'ils se cabrent, et il y en a de toutes sortes : crises personnelles, familiales ou sociales, crises politiques aussi, qui périodiquement ébranlent les États et dont les vaincus savent qu'il n'y aura ni grâce ni pitié pour eux.
La soif de l'évasion fait aussi beaucoup de légionnaires. Plus notre époque enferme l'individu dans des réglements administratifs, et plus la Légion fascine les révoltés par le triple charme de l'inconnu, des horizons plus vastes, des risques et des chances à courir sur des terres nouvelles. C'est la liberté qu'ils choisissent, eux aussi, en secouant les contraintes qui les astreindraient comme civils à des besognes dégradantes de robots. Le monde, lorsqu'on y aura tout uniformisé, n'aura plus d'âme.

Légionnaire au Tonkin. (1883-1886.) Madagascar. 1896. " Une pacification qui n'a pas de meilleurs artisans que les Légionnaires, pétrissant de leurs mains créatrices des terres en friche pour les transformer en rizières, des vallées endormies pour en faire des artères de vie. "

Même de nos jours, enfin, les vraies vocations de soldats, qu'attire un destin dangereux, ne sont pas rares. L'espèce survit, malgré bien des secousses, de ceux qui ont le goût du métier des armes et ne peuvent plus l'exercer, dans leur pays, d'une façon intéressante. Ces aventuriers militaires constituent le fonds de la Légion, sa meilleure et sa plus nombreuse substance.
Ces mercenaires-nés, c'est de grandes actions qu'ils rêvent et d'une vie qui vaille vraiment la peine d'être vécue. Certes, les têtes brûlées ne manquent pas dans le lot, ni les gaillards qui ont déjà vu du pays et encaissé quelques coups durs. Rien de mieux, si le coeur et les muscles sont intacts. On s'en arrange toujours. La Légion ne recherche pas les enfants de choeur.

Issus de tous les pays, de tous les milieux, de tous les revers, les légionnaires ont pourtant un trait commun : ce ne sont jamais des médiocres. Le coup de tête qui a rompu leurs amarres est la réaction de l'énergie, celle du vaincu qui ne se résigne pas à la défaite, du captif qui brise ses liens, de l'égaré qui ne veut pas se dégrader davantage, du déveinard qui prend le mauvais sort à la gorge, de tous ceux qui, malgré les déceptions et les échecs, croient encore à la beauté et à la vertu de l'effort.
Le plus souvent, ceux qui sont venus chercher l'oubli à la Légion gardent jusqu'au bout le silence, et la mort seule livre parfois une partie de leur secret. Ainsi allait-on enterrer, à Magenta, un simple légionnaire dans la fosse commune, quand un des camarades protesta, réclamant pour lui les honneurs dus au dernier descendant du roi Sobieski qui avait jadis sauvé Vienne, assiégée par les Turcs. Ces dires furent reconnus exacts et une cour étrangère fit des funérailles quasi royales à cet obscur soldat.

Un autre cas, malgré les consignes données pour l'étouffer, fit quelque bruit en 1897, année où une épidémie de typhus en Algérie fit de nombreuses victimes et, parmi elles, un légionnaire fort réservé et d'une parfaite distinction. Son commandant de compagnie, le capitaine Mérolli, qui recueillit son dernier soupir, apprit de sa propre bouche alors qu'il était prince de Hohenzollern, cousin de Guillaume II et général de division allemand. Prévenu, le Kaiser envoya dans le port d'Oran un croiseur pour récupérer la dépouille de ce prince du sang de la Maison de Prusse.
On relève à la Légion, sous le nom de Rose, un colonel anglais de l'armée des Indes, sous celui de Philippe un fils du maréchal Marmont et la médaille militaire y fut attribuée, après quinze ans de service, à un noir, fils du roi Béhanzin. Plus près de nous, c'est un fils naturel de Maxime Gorki qui manifeste sa réprobation des idées de son père en se faisant légionnaire.

La Légion a produit des hommes d'affaires, de grands chefs d'entreprises, comme l'industriel suisse Kohler, qu'une grave blessure, cependant, avait privé de la vue. Elle a nourri de sa sève et de sa flamme le peintre polonais Kissling, les écrivains Blaise Cendrars et Georges R. Manue, le valeureux poète américain Alan Seeger, le barde jurassien Arthur Nicolet. Notons aussi que deux prélats en exercice, Mgr Maziers, évêque de Saint-Flour, et Mgr Stourm, évêque d'Amiens, sont d'anciens légionnaires, ce qui prouve que la Légion, si on y trouve de tout, mène aussi à tout.
Un métier de seigneurs

Le trait commun le plus significatif des officiers français choisissant la Légion au sortir de Saint-Cyr est leur goût de l'indépendance, assorti à une recherche - assez peu répandue, même dans l'armée - des responsabilités. Ils ne peuvent mieux le satisfaire qu'à la Légion, car ses bataillons ont en général de larges fronts à explorer ou à surveiller. Leurs éléments sont répartis sur des positions souvent très éloignées les unes des autres. Nombreux sont les postes, tenus par une simple section, qui contrôlent de vastes secteurs et qu'aucun secours immédiat ne peut atteindre en cas d'attaque. Des reconnaissances montées ou portées opèrent isolément, de leur côté, sur des parcours de plusieurs milliers de kilomètres que ni base ni refuge ne jalonnent. Les jeunes capitaines, les lieutenants de vingt-trois ou vingt-quatre ans, investis de ces commandements, sont entièrement livrés à eux-mêmes avec quelques poignées de légionnaires. Le succès, quand l'imprévu, toujours redoutable, se présente, ne dépend que de leurs initiatives.

Souvent même on a, parmi eux, l'impression qu'il faut être en état de grâce pour bien exercer de pareils commandements, et c'est ce que voulait dire sans doute le général Gardy, inspecteur de la Légion Etrangère, dans son message d'adieu à ses officiers :
- Soyez toujours des seigneurs ! Soyez purs et forts, aventureux et résolus.

Des seigneurs, et qui ne craignaient pas grand-chose, tels ont été, d'âge en âge, les chefs que s'est donnés la Légion, avec cette marque distinctive d'un souverain détachement des biens de ce monde, d'un total mépris des calculs personnels.
Quelques-uns seulement doivent être dès à présent cités pour la grande renommée qu'ils ont acquise : les maréchaux de Saint-Arnaud, Mac-Mahon et Canrobert, les généraux Bedeau, de Négrier, Drude, Brûlard, François, Mordacq, tous à jamais marqués par leurs années de Légion. Mais la première place, sur ce palmarès, revient de droit au vieux héros qui a traîné avec elle sur tous les champs de bataille son invariable tenue de toile kaki, ses espadrilles et une vieille ombrelle rouge trouée par les balles, à l'inoubliable général Rollet, surnommé le " père de la Légion " où le poste d'inspecteur fut spécialement créé pour lui permettre d'y achever sa carrière.

Un même vent d'épopée a fait retentir de nos jours les noms de Gardy, de Koenig, de Brunet de Sairigné, de Gaultier, de Jeanpierre, de Monclar, qui rendit ses étoiles de général pour prendre le commandement du bataillon des volontaires de Corée. Plus lourdes que celles des autres troupes, les pertes en officiers de la Légion divulguent leur intrépidité.

Compagnie montée. Le génie de savoir s'adapter à toutes les situations.
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MessageSujet: Re: esprit légionnaire a travers les ages   esprit légionnaire a travers les ages Icon_minitimeDim 7 Juin - 17:11:41

suite
Officiers à titre étranger et sous-officiers de carrière

Une de ses touches les plus vives manquerait à la fresque des gloires légionnaires si l'on n'y situait, auprès de leurs camarades français, les officiers étrangers qui, aujourd'hui comme hier, y prennent la relève des condottieri. Ils n'ont rien innové. De tout temps, de grands soldats qui n'étaient pas fils de France ont mis leur épée à son service et on en compte un bon nombre qui ont reçu de nos rois le bâton fleurdelisé : les Broglie, les d'Ornano, le comte allemand Schomberg, le Danois Lowendal, l'Anglais Berwick, fils de roi, dont Villars enviait le trépas héroïque au siège de Philippsburg ; de sang royal aussi, Maurice de Saxe, le vainqueur de Fontenoy ; sous l'Empire, le héros polonais Poniatowski.
Le premier chef de la Légion Etrangère fut un Suisse, le colonel Stoffel, dont un mot a fait fortune :
- Que voulez-vous que ça me foute à moi que la paix soit signée ! Je ferai toujours la guerre.

Le 1er Étranger fut de main de maître commandé par l'ancien guérillero Martinez, un homme superbe qui avait été l'amant de la reine d'Espagne et l'aide de camp du chef carliste Cabrera, avant de gagner à la Légion ses galons de colonel. En 1855, Napoléon III place à sa tête le général zurichois Ochsenbeim. L'Autriche lui donne un Montecucculi, qui s'est battu aux zouaves pontificaux, et le commandant de Freudenreich, issu d'une branche protestante des Joyeuse qui, en émigrant, a germanisé son nom.
Elle a eu des officiers allemands : le lieutenant Milson von Bolt, né du mariage morganatique d'un prince de Prusse et qui, par la suite promu chef d'escadrons de Uhlans, appartint à l'état-major de son cousin, le prince Frédéric-Charles ; le capitaine bavarois Lissignolo, qui, après huit ans de Légion, fut aussi réintégré dans l'armée allemande et sauva d'une mort certaine, à Bazeilles, les défenseurs de la maison des " dernières cartouches " ; l'ordre vint de lui, qui laissait leurs sabres aux officiers, parmi lesquels se trouvait le futur maréchal Gallieni. Pendant cette même campagne de 187o-71, un jeune Saint-Cyrien qui deviendra le roi Pierre ter de Serbie fait ses premières armes à la Légion sous le nom du sous-lieutenant Kara.

Le général Zédé y débute dans un bataillon où servent - avec le capitaine Bonaparte, petit-fils de Lucien - le capitaine italien Giovanelli, déserteur des Bersaglieri, et un fils du démagogue Pierre Leroux, également déserteur.
En 1903, la Légion perd un de ses paladins en la personne du lieutenant danois Selchauhansen, mortellement frappé au combat d'Él-Moungar. Mais, à quelques lustres de là, son compatriote, le commandant Aage de Danemark, petit-fils de Louis-Philippe par la princesse Marie d'Orléans, sa mère, s'immortalise sur ses brisées.
La Légion s'est fait un devoir aussi d'embaucher les meilleurs des officiers tzaristes qui avaient tout perdu dans les débâcles successives de la contre-révolution. Ils lui ont apporté, en y échangeant leurs anciens grades contre des grades toujours très inférieurs, d'éminents états de service. On les traitait avec de justes égards. Nul, par exemple, au 1er Étranger de cavalerie, n'oubliait, quand paraissait le sous-lieutenant Hreschatisky, qu'il avait été général de division en Russie.

L'exode pour certains fut fertile en péripéties et ils ont eu, parfois, dans les bouleversements de l'après-guerre, d'extraordinaires destinés d'officiers de fortune. A sa retraite, le commandant Alexandre de Knorré pouvait ainsi libeller sa carte de visite :
Ancien capitaine de la Garde impériale Izmailarsky, Ancien capitaine général à la Division des Cosaques de S.M. le Shah de Perse,
Ancien chef de bataillon à la Légion Etrangère, Commandant honoraire des Carabiniers de la Garde de S.A.S. le prince de Monaco.
S'adressant au capitaine prince David Chalikachvili, les légionnaires russes du 4ème Étranger ne l'appelaient que " Votre Excellence ", car ce satrape eurasien au profil de gerfaut avait commandé l'école de cavalerie de Tiflis.

Avec lui commence à la Légion une dynastie de princes géorgiens dont le dernier en date, le lieutenant-colonel Amilakvari, commandait à Bir-Hakeim la 13ème Demi-Brigade et fut tué à l'attaque d'Él-Himeimat - en deux lignes dépeint par cette citation fulgurante : " A réussi à étonner sa troupe par un courage qui était sans mesure. "
Sur ce plan encore, la France affiche un bilan qui n'a nulle part son pareil. On ne peut sans fierté parcourir l'état des officiers étrangers fameux qui lui ont fait hommage de leurs gloires passées et de leurs talents, considérant comme un suprême honneur d'exercer sous ses drapeaux un commandement, même modeste.

Des raisons analogues assurent à la Légion un remarquable encadrement de sous-officiers. Dans cette multitude où toutes les professions sont représentées, les hommes instruits ou qui ont déjà appris à commander abondent et le choix des gradés est d'autant plus facile qu'on y trouve beaucoup d'anciens sous-officiers et même d'anciens officiers des armées étrangères.
La discipline des traditions

Tous les légionnaires jusqu'en juillet 1962 passent par Sidi-Bel-Abbès, siège du 1er Étranger. C'est là, dans le creuset de la " maison-mère ", qu'une transformation à double effet les change en professionnels qualifiés de la guerre et les régénère moralement.
Si sévère qu'y soit leur dressage dans des compagnies spéciales d'instruction, les méthodes employées n'ont rien de commun avec la "schlague ". Elles s'adressent à leur intelligence et la plupart, dont cet entraînement intensif accroit l'endurance, découvrent en eux des possibilités physiques qu'ils ignoraient.

Le portail du Quartier Vienot, à Sidi-bel-Abbès, où tous les légionnaires commençaient leur carrière et, quand la mort n'avait pas voulu d'eux, la finissaient.

Un premier reclassement s'effectue parmi ces hommes qui ne sont pas, comme d'aucuns le disent, des hors-la-loi, mais des isolés et des déracinés, à qui il faut d'abord rendre le sentiment de leur dignité. La Légion, en les perfectionnant dans des emplois qui correspondent à leurs aptitudes et dont ils pourront vivre plus tard, les réintègre d'ores et déjà dans la société.
Mais le plus puissant soutien de son action psychologique est le climat de Sidi-Bel-Abbès, son décor impressionnant, ses spectacles militaires grandioses, qui ne tardent pas à disperser leurs fantômes. La Légion y apparaît dans ses fastes. A ces gens qui n'avaient plus rien et souvent se croyaient finis, elle offre un héritage de gloire fabuleux. Elle leur inculque ses traditions et cette discipline morale ne leur est pas enseignée dans la morne indifférence d'un dépôt, mais dans les rangs du plus vieux régiment étranger, qui les exploite avec un dynamisme fracassant.

Le culte des morts en est la base. Toutes les cérémonies légionnaires - et on les multiplie à Bel-Abbès - célèbrent leur sacrifice ; l'engagement à suivre leur exemple y est implicitement renouvelé, face au monument qui, dans la cour d'honneur de la caserne Vienot, attire tous les regards par ses dimensions et son expressive allégorie.
A quelques pas, d'autres lieux saints édifient les légionnaires. Ils ont accès à un vertigineux Musée du Souvenir, où les drapeaux, les fanions, les trophées qui chantent la longue histoire de la Légion flamboient à travers une suite de salles aux noms ailés : le Temple des Héros, la salle du Commandement, la salle des Batailles, d'autres consacrées aux campagnes anciennes ou récentes. Qui a médité dans ce sanctuaire, son âme en reste à jamais envoûtée et fascinée.

Et les vieux légionnaires sont là, magnifiques sous les armes, pour stimuler les nouveaux au cours des parades qui les rassemblent avec un apparat propre à frapper l'imagination. Aucune troupe au monde n'a des têtes de colonne comparables à celles de la Légion, et particulièrement les sapeurs, obligatoirement barbus, portant des tabliers de cuir et sur l'épaule des haches, emblèmes du travail constructif.
Quant à la musique, celle du 1er Étranger, entre toutes réputée et à volonté transformable en orchestre symphonique, interprète avec la même maîtrise une sonate classique, une ouverture de Wagner et les hymnes de la guerre.
Actuellement significatif de la Légion, son képi blanc est d'origine récente. Il dérive du couvre-képi de toile kaki, prolongé par un couvre-nuque, que les légionnaires, unanimes à abhorrer même sous les climats tropicaux le casque colonial, portaient sur le vieux képi de la Ligne. D'autres coiffures, d'ailleurs, le remplacent parfois - bérets verts des parachutistes, gourkas des cavaliers, chapeaux de brousse - sans modifier la silhouette classique du légionnaire, avec la large ceinture bleue qui lui sangle sous le ceinturon la taille, la cravate verte, en grande tenue les guêtres blanches et les épaulettes rouges à tournante verte que seuls les régiments étrangers ont conservées. Le numéro des unités s'inscrit dans la bombe creuse de la grenade à sept flammes, dont deux en retour, qui est sa signature, comme le vert et le rouge sont ses couleurs, seules à se marier sur ses fanions.

Sûre de leur efficacité, la Légion ne défend pas moins jalousement les traditions de ses fêtes de corps. La plus sacrée et la plus importante est la célébration, le 30 avril, de l'anniversaire du combat de Camerone. Aucune unité, même en opérations ou dans les postes isolés, n'y manque et, dans le monde entier pareillement, un banquet ou un vin d'honneur réunit ce jour-là les anciens légionnaires qui y sont disséminés.

Pourquoi ce choix de Camerone, fait d'armes lointain et apparemment bien secondaire, alors que la Légion, comme le clamait le général Deligny, a tant de titres de gloire à son actif que les plis de ses drapeaux ne peuvent les contenir ? Pourquoi aux noms de feu que la victoire y a brodés avoir préféré, pour le solenniser, celui d'une obscure hacienda mexicaine, où soixante légionnaires et leurs trois officiers, cernés par une multitude d'ennemis, firent le serment de mourir les armes à la main et le tinrent ? Un revers incontestablement, puisqu'ils ont été écrasés, une défaite. Mais, en cette défaite, les initiés admirent l'exemple de l'héroïsme le plus pur, du sacrifice total à la parole donnée, du geste gratuit dédié aux seules exigences de l'honneur - et le maréchal d'Esperey souhaitait que la conscience nationale plaçât le massacre de Camerone sur les mêmes cimes que Roncevaux, qu'Alésia, que le bûcher de Rouen et la tranchée des Baïonnettes.

De cet engagement sanglant, les légionnaires ont tiré une de leurs expressions courantes : pour eux, " faire Camerone " signifie prendre la décision, quand tout espoir de vaincre a disparu, de ne pas survivre à la perte des positions confiées à leur honneur - et les récentes campagnes ne leur ont pas ménagé les occasions de tenir ainsi leur serment jusqu'à ce que la mort les en déliât.
Cette tradition légionnaire forge des hommes nouveaux : libres de leur vie intérieure, de leurs rêves, de tous soucis, ils cultivent en eux l'imagination et l'invention qui les amuse. Sous un masque de dureté, ce sont d'abord des sentimentaux, qui ne méprisent pas d'écrire des poèmes. Des chants de tous les pays bercent dans leur coeur la nostalgie de l'amour, et parfois ce goût du cafard qui les frappe lors de leurs rares périodes d'inaction. Rien pour eux n'est à l'échelle normale - ni les austérités, ni les sacrifices. Aussi ne doit-on pas s'étonner de les voir rechercher quelques dérivatifs dans une cuite ou auprès des filles que leur imagination couvre de tendresse.

Leur amour pour les enfants et les bêtes exprime le même besoin d'une vie sentimentale. La Légion trimbale à titre de mascottes tous les animaux de la création.
Enfin un mot livre la clef de l'énigme que pose encore, pour beaucoup, son comportement. Ce mot, c'est l'orgueil. Orgueil d'appartenir à un corps coutumier de performances extraordinaires et qui fait chaque jour des miracles. Non pas que les légionnaires revendiquent le monopole des actions d'éclat. Mais ils savent qu'ils sont toujours les mieux placés là où un coup dur se prépare, et ils en tirent même vanité.
Ainsi sont-ils pris dans un engrenage de traditions qui leur insufflent l'esprit de la Légion. Pierre à pierre un rempart s'élève, derrière lequel leur passé s'obscurcit. Les premiers combats font le reste, cuirassant leur âme et leur révélant les fortes ivresses d'une solidarité où les vivants exécutent les ordres des morts.

... de cet ensemble indéfinissable se dégagent une énergie de fer, l'instinctive passion des aventures, une étonnante fécondité d'initiatives, un suprême dédain de la mort, et toutes les originalités sublimes des vertus guerrières. "
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MessageSujet: Re: esprit légionnaire a travers les ages   esprit légionnaire a travers les ages Icon_minitimeMer 10 Juin - 13:12:52

Merci Sandor :oke:


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MessageSujet: Re: esprit légionnaire a travers les ages   esprit légionnaire a travers les ages Icon_minitimeMer 10 Juin - 13:14:58

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bien lu ! :legio:


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